Envie de lecture instantanée de ce récit personnel de l'auteur, de son désir d'aborder son enfance, son histoire vraie.
L'homme me touche dans sa sincérité, sa bonhomie, son franc-parler et son humour décalé.
"Porca miseria" est une expression qui claque, c'est un juron qui lie à la fois misère, pauvreté et
fatalité.
On connait aujourd'hui l'ampleur de la diaspora italienne, peut-être la plus grande du 20°siècle.
Ce besoin de quitter un pays pauvre et sans ressources a accompagné mon enfance dans le pays de Liège, bassin des mines et de la sidérurgie, où la demande de main-d'oeuvre était
importante et essentielle dans ces années de plein-emploi après guerre.
Fils d'immigrés, Tonino Benacquista nait au début des années 60 en France.
Contrairement aux précédents flux migratoires, les Italiens sont mieux accueillis et ne sont plus
traité de "sales macaronis"....
La famille de l'auteur reste malgré tout figée dans la douleur de leur déracinement qui freine
leur intégration.
On en découvrera plus en lisant ce beau texte.
Ici, le propos est magnifique, c'est celui de l'écriture et de la lecture.
C'est l'histoire d'une conquête, celle de la langue française.
T.Benacquista face à ses parents repliés dans leur patois et leurs racines, apprend le parler
des rues, il préfère pour s'intégrer jouer aux billes avec ses copains.
Les livres et la lecture lui font peur, il redoute l'échec.
Heureusement pour nous l'écriture lui sera plus spontanée et naturelle.
Après des romans de fiction, il éprouvera le besoin de raconter ses années d'apprentissage des mots.
Il ne quitte pas le romanesque, il écrit pour se "venger" et pour trouver un sens à son parcours déroutant.
Témoignage sincère, drôle, agréablement émouvant.
Bijou littéraire.