Les dinosaures, des animaux comme les autres ?...

Désolé Monsieur Lomax, contrairement à vous, je n’ai jamais été un fan des "dinosaures", je ne me suis même pas dérangé pour aller jeter un œil sur le phénomène du siècle, en 1993, à savoir le film que tout le monde se doit d’avoir vu « Jurassic Park » de Steven Spielberg. C’est tout dire !... Et les quelques extraits entraperçus ici ou là ne m’ont pas encouragé. Pas crédible !
Aussi, je n’ai jamais bien compris ce qu’on entend par "dinosaures". Tout s’embrouille dans ma tête… en vous lisant je crois comprendre qu’il s’agit d’énormes lézards, de monstrueux reptiles préhistoriques… mais voilà que certains ont des plumes, que les rouges-gorges seraient leurs descendants directs. C’est à n’y rien comprendre. Mais, après tout, l’Amérique précolombienne nous a bien réservé un "serpent à plume" !
En plus, "on" nous trompe ! Dans le film culte précité, un dinosaure terrifiant a subjugué le monde entier, parait-il, un Velociraptor monstrueux… mais si on interroge LE site spécialisé (https://www.jurassic-world.com/velociraptorLe premier site d’information scientifique sur les dinosaures), le Velociraptor avait une longueur de 1,80 m pour une masse de 15 kg ce qui, d’après Monsieur Lomax est encore exagéré, car selon lui, le « vélociraptor n’était pas plus gros qu’une dinde. » (À moins que, pour Thanksgiving, il n’ait découvert un fournisseur exceptionnel !)
De même, il parait que dans le film en question, il y aurait un Dilophosaure cracheur d’acide… (je découvre) Eh bien, d’après l’auteur « Il est fort peut probable que Dilophosaurus (ou tout autre dinosaure, d’ailleurs) ait pu cracher de l’acide. » !...


Né en 1990, de nationalité britannique, le Dr Dean R. Lomax est un paléontologue de l'université de Manchester. Il est l’auteur de nombreux livres, médiateur scientifique et spécialiste célèbre des ichthyosaures (Les ichtyosaures sont des reptiles marins qui ont vécu au Mésozoïque entre -250 millions d'années et -90 millions d'années). Il coanime l'émission documentaire TV "Dinosaur Britain".


Encore une fois, et avant toutes choses, comme vous l’avez remarqué avec les ichthyosaures, on va devoir souvent parler de millions d’années, mais qu’est-ce que ça représente, au juste ? Imaginons qu’une année passe en une seconde… et comptons-les : pour compter soixante années (ou 60 secondes) il faut… 1 minute (Bravo), pour 1 000 secondes il faut 16,7 minutes, pour 1 millions de secondes il faudra 11,5 jours (sans s’arrêter) et 250 millions de secondes (correspondant aux 250 millions d’années du début des ichthyosaures) il faudra se relayer pendant… presque 8 ans ! Vu l’échelle ?


Comment s’y prend-on pour faire parler les fossiles ? Qui n’a pas regardé quelques séries policières à la Télé ? Et l’équipe de la police scientifique en action… C’est presque comme ça, sauf que c’est dans la vrai vie ! On cherche des preuves « Elles peuvent prendre la forme du contenu fossilisé d’un estomac ou d’une dent incrustée dans un os… » On compare ce que l’on sait de l’espèce disparue avec le comportement d’espèces contemporaines similaires. Les paléontologues utilisent les observations des éthologues pour interpréter les traces de comportement animal dans les fossiles (c’est la paléoéthologie).
Mais, en bon scientifique prudent et toujours prêt à se remettre en question : « gardons à l’esprit que tout ce que nous pensons savoir sur ces espèces disparues peut être remis en question du jour au lendemain par de nouvelles approches ou d’autres découvertes. » Ainsi va la science.


Et pour commencer, il semble bien que Pierre Perret, avec son zizi, ait négligé le "ptérygopode" (le zizi en question) découvert sur des fossiles de placodermes, ces poissons vieux de quelque 380 millions d’années et de mamans placodermes, vivipares, saisie dans la roche alors qu’elles portaient un embryon parfaitement formé. La preuve que les plus anciennes parties de "nageoires en l’air" datent d’au moins 385 millions d’années (rappelez-vous, ramenées en secondes, il faudrait plus de 12 ans pour les compter !).
Et si on commence par parler de sexe, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un livre particulièrement érotique – n’allez pas croire que Papy donne dans le porno ! – mais tout simplement parce que la reproduction est fondamentale dans le cycle de la vie et que sans elle, nous ne serions pas là à commenter ce livre – qui, d’ailleurs, n’existerait pas.
Ensuite, dans l’imagerie populaire – en tout cas dans la mienne – quand on parle « dinosaure » on imagine des monstres mugissants, gueule ouverte, toutes dents dehors, prêt à dévorer tout ce qui passe à proximité ! Eh bien, ce sont aussi des animaux qui cherchent des partenaires sexuels, qui se reproduisent, nidifient, et s’occupent de leurs petits, les protègent et les éduquent…


On a voulu nous faire croire que les ichtyosaures étaient des dinosaures. Quelle erreur ! (Je me disais, aussi…) Les ichtyosaures, eux, étaient des reptiles équipés de membres semblables à des nageoires et vivaient exclusivement dans l’eau. Ils ont précédé les dinosaures de quelque 20 millions d’années (une paille !) et ressemblaient un peu à nos dauphins. Eh bien, vous me croirez si vous voulez, mais on a découvert récemment, en Chine, un fossile de maman ichtyosaure (une Chaohusaure, pour être précis), prise sur le vif, il y a 248 millions d’années, en train d’accoucher de triplés : « nous avons là, figé dans la pierre, le premier exemple connu d’une naissance vivipare chez les vertébrés. » (Peut-être un peu "voyeur" comme étude, mais c’est pour la bonne cause !)


Si des fossiles de parturition ne sont pas exceptionnels, par contre ceux de copulations sont nettement plus rarissimes, généralement réservés à des insectes piégés dans de l’ambre. Le fossile le plus ancien connu est celui de deux cercopidés (Famille d’insectes dont les adultes sautent de plante en plante – et pas forcément sur les femelles) piégés sous des roches volcaniques il y a 165 millions d’années !


Et les chevaux ? Il parait qu’on ne peut pas parler « fossiles » sans parler « chevaux » : les premiers fossiles de chevaux connus n’étaient pas plus grand qu’un chat et avaient plusieurs doigts à chaque patte (aujourd’hui, dans un centre hippique, Monsieur Lomax, on vous dira que les chevaux n’ont pas de pattes… Ils ont des jambes !). Ces premiers fossiles ont été découverts dans l’Ouest américain (le Wyoming) et datent de 56 millions d’années (bien avant l’arrivée des conquistadors !).
Mais ce sont surtout les fossiles allemands, plus complets et mieux conservés, qui ont fait le régal des chercheurs, comme l’Eurohippus, de la taille d’un renard (35 cm à l’épaule) dont une femelle portant un fœtus a été décrite en 1987. Les poulains observés mesurent 15 à 20 cm de long à la naissance. Le nombre de fossiles présent sur le site tend à prouver qu’ils vivaient en groupes, voire en troupeaux et qu’ils devaient s’occuper de leurs petits comme le font les chevaux d’aujourd’hui.


Je vous laisse découvrir le dinosaure (Enfin !) mal nommé Oviraptor philoceratops (le voleur d’œufs qui aime les cératopsiens) ! Dont un très proche parent l’oviraptorosaure Citipati osmolskae (dit « Big Mama » ou, qui sait ? « Big Dada ») fut découvert en 1993, en Mongolie, installé sur une quinzaine d’œufs de 16 cm sur 6.
Vous ne serez pas surpris si je vous affirme que la paléontologie est un métier de spécialistes, car la photo de Big Mama, qui suscite l’enthousiasme de l’auteur, même agrandie sur mon écran d’ordi, ne me permet pas de reconnaître quoi que ce soit… « un fossile extraordinaire » qui me laisse pantois ! (La date ? Entre 70 et 75 millions d’années)


Bon, les preuves sont là, gravées dans la pierre – c’est toute la force de la chasse aux fossiles – nos braves petites bêtes accouchent ou pondent, mais ensuite elles continuent à s’occuper de leur progéniture ! Et quand elles ne peuvent pas le faire elle-même, parce qu’elles sont occupées ailleurs (recherche de nourriture, rendez-vous, courses ou autres) elles font appel à des… baby-sitter ! Non ? Si ! Non…
En 2004 on découvrit (en Chine) un lit d’os fossilisés vieux de 125 millions d’années de tout un troupeau de Psittacosaures, des dinosaures bipèdes de la taille d’un labrador, et en particulier, un ensemble de 34 juvéniles groupés autour d’un individu plus grand (tous morts dans une coulée de cendres volcaniques). Comparé aux adultes environnant, ce grand dadais n’avait pas atteint sa maturité sexuelle au moment de sa mort, il était trop jeune pour se reproduire, il était manifestement là pour veiller sur les petits de plusieurs couvées (histoire de se faire un peu d’argent de poche).


Aller, pour amuser les enfants, on va organiser un combat de titans : à ma gauche Tyrannosaure Rex, avec ses crocs légendaires, à ma droite Triceratops avec ses cornes d’un mètre. Ils ont vécu côte à côte il y a 66 millions d’années et les combats de dinosaures étaient sans doute monnaie courante pendant la préhistoire… en tous cas les petits garçons du XXI° siècle, avec leurs figurines en résine adorent les faire s’entrechoquer… N’empêche, en 1971, au cœur du désert de Gobi, on exhuma un fossile de dinosaures morts au combat il y a 75 millions d’années ! Il s’agissait d’un Protoceratops andrewsi, de la taille d’un sanglier, et d’un Velociraptor mongoliensis (un vrai, pas échappé de Jurassic Park : de la taille d’une dinde). Il semble bien que le Vélociraptor avait pris le dessus mais s’est trouvé bloqué sous le poids de son adversaire.


"Mieux"… Qui est pris, qui croyait prendre : il y a 150 millions d’années, un Ptérosaure vole au-dessus d’une mer tropicale, plonge pour gober un poisson… et se fait embrocher par poisson prédateur (un Aspidorhynchus acutrostris) de 80 cm de long… (à qui le tour ?) et le tout tombe au fond, dans les eaux anoxiques, et meurt asphyxié, puis fossilisé (pour le plus grand plaisir de Monsieur Dean Lomax).


Et n’allez pas croire que seuls les dinosaures s’entre-dévoraient à qui mieux-mieux : un fossile de Repenomamus robustus, un mammifère de la taille d’un chat, a été découvert, l’estomac garni de dents et d’os de… bébés dinosaures ! Datant de 125 millions d’années. Non mais !


Longtemps avant Moïse, dans ses pages de pierres, le Grand Livre de la Nature nous laisse son enseignement… C’est l’énorme Tyrannosaure Rex de 12 m de long et de plus de 8 tonnes, apparemment terrassé par un prédateur si minuscule qu’il ne pouvait même pas le voir : un parasite responsable de la trichomonose. C’est l’Edmontosaurus (genre de "petits" dinosaures herbivores « à bec de canard », de la taille d’un bus scolaire, qui vivait il y a quelque 85 millions d’années), atteint d’un cancer métastasique. C’est Mei long (le « dragon qui dort ») ce Théropode carnivore vieux de 125 millions d’années, fossilisé dans la position exacte des oiseaux modernes, endormis. C’est un groupe de 25 Metarhinus BrontothèresLes brontothères s’apparentent aux rhinocéros – auxquels ils ressemblent beaucoup – ainsi qu’aux chevaux et aux tapirs. ») de tous âges et sexes, probablement morts en voulant traverser un fleuve tumultueux lors d’une migration (semblable à celle des gnous actuels), leurs corps, emportés, accumulés au même endroit, recouverts par le limon, il y a 40 millions d’années. C’est l’accumulation d’Anaschisma (genre de grands amphibiens ressemblant à des crocodiles) découverts dans des roches triasiques de 230 millions d’années, probablement victimes de la sècheresse… Etc.


Si ce livre présente des longueurs, parfois, des répétions, souvent, il a le mérite inestimable de remettre les choses et les animaux à leurs justes places. Loin des fantaisies Hollywoodiennes, romanesques et chimériques, on découvre que ces animaux disparus depuis des millions d’années, longtemps avant que les primates, ancêtres de l’humanité ne hantent la savane, s’ils étaient physiquement différents de ceux avec qui nous partageons la planète, leurs comportements, leurs interactions et leurs difficultés étaient bien semblables à ce que nous connaissons aujourd’hui…


Les dinosaures ? Des animaux comme les autres !...

Philou33
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le 1 sept. 2022

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