À l'aube de la Première Guerre mondiale, en Suède, le capitaine Lars Tobiasson-Svartman est chargé de sonder les fonds maritimes dans le but d'ouvrir de nouvelles routes secrètes aux navires de guerre. Mais en dehors de ça, le gars n'est pas très intéressant, et donc, pour se donner un peu de style, il dort avec sa sonde. C'est la classe ultime (sauf pour les aficionados de *South Park* qui y verront, vous savez, ce genre de trucs qu'on voit dans *South Park*). Dans le même ordre d'idée, le gars évoque à un moment une métaphore sur les distances, le rapport entre les choses et nous, et pendant ce moment, on y croit vraiment, on se dit merde, ce gars sait de quoi il parle et je ferai mieux d'écouter la suite avec attention. Mais après ça le gars part en sucette totale. Il découvre une femme sur une île, au moins aussi folle que lui, et il décide de tomber amoureux d'elle, même si amoureux ne soit pas du tout le mot approprié. Il ment à sa femme restée à Stockholm et commence à faire des allers-retours sur l'île grise et moche où vit seule son amante dans une cabane trouée. 
Malheureusement, *Profondeurs* est une œuvre composée d'attentes et de possibilités qui ne surviennent jamais. Passé cinquante pages, le charlatan est démasqué, pourtant, il continue de hurler. Il continue de diluer son mystère et sa philosophie de comptoir à dose homéopathique, comme le poison, juste assez pour nous habituer sans nous achever. Mais bientôt le bruit du vide (qui a une forte réverbération et donc a tendance à se cumuler) devient assourdissant. J'imagine l'auteur accoudé à son bureau, le regard perdu dans son jardin sans fleurs, tirant mollement sur des ficelles qui agitent à ses pieds plusieurs pantins de bois. Les pantins ont la longue barbe du philosophe, et ils écrivent cette histoire absurde. C'est de leur faute, les fins de chapitre toutes surjouées : « *Une cage, pensa-t-il. Ou un piège. Mais est-il en moi ? Ou suis-je moi-même le piège ?* » Leur faute aussi, les personnages féminins parfaitement idiotes, soumises et incapables de réfléchir. Leur faute encore, de faire passer tout ça pour de la sensibilité féminine. Leur faute les niaiseries. Leur faute la répugnance du héros. Leur faute l'absence totale de dramaturgie. Leur faute enfin, les haussements des sourcils que m'ont évoqué les atrocités de l'histoire. Leur faute, de m'avoir fait croire que j'avais oublié mon cœur quelque part (au supermarché ? à la pharmacie?), alors que non, pas du tout, il se trouvait au même endroit que d'habitude.

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Julien_Le_Minous
4

Créée

le 1 nov. 2015

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Paon Démon

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