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Sacha, une ancienne fan de groupes de rocks reconvertie cleptomane honteuse a-t-elle raté sa vie à cause d’un drame de jeunesse ? La réussite professionnelle de Bennie le producteur aurait-elle tué en lui toute force de vie rock’n roll ? La Rock’n Roll attitude : voie directe vers l’Enfer, ou seule planche de Salut ? C’est le sens même d’un courant profond du messianisme individualiste américain qui est creusé dans ce roman, kaléidoscope éclaté d’une dizaine de courts récits, assez rondements menés pour être de vraies nouvelles.
Avec ce livre, Jennifer Egan livre tout ce que j’aime dans le roman choral américain – voir Olive Kitteridge, d’Elizabeth Stroutt, notamment, même si un allemand comme Daniel Kehlmann se débrouille pas mal avec son très sympathique Gloire.
- La saveur incomparable de la complexité de l’individu à l’occidentale, si divisible, pluriel, fluent, et multi-facettes. On prend un personnage, deux, trois, et on raconte différents moments de leur vie, de différents points de vue – le leur, et celui de proches ou d’étrangers.
- L’insaisissabilité de nos destins. Notre vie est un kaléidoscope dont l’unité fait tellement défaut, apparemment. Quel lien entre les vies de Sacha, de Bennie ? Et cependant, un fil se révèle, assez messianique, certes, genre la rédemption n’est jamais bien loin si on prend soin de sa famille. La question est posée simplement avec Sacha : les fautes de notre passé peuvent-elles nous détruire (mais vraiment : au point qu’elle compile sur elle une sacrée collection de déveines et déboires de Rolling Stone à la Dylan, je vous laisse découvrir) ou être la voie d’une rédemption profonde ?
- La variété incroyable des formes littéraires, de la classique petite nouvelle à la troisième ou première personne au montage incroyable de PDF à première vue assez désoeuvrant, et qui finalement fait incroyablement œuvre – avec un lyrisme fou, capables de livrer les tourments et déboires d’un adolescent aussi singulier que mal dans sa peau – après tout, il est carrément addict à la mesure précise de la durée silences dans les morceaux rocks !
Certes, dans ces montages, le lecteur peut se perdre, et je comprends certains avis s’agaçant d’un cut en plein climax narratif qui enlève la satisfaction de trouver une conclusion, une explication, un sens. Mais je préfère infiniment ces œuvres ouvertes et fragmentées à la transposition à la française un peu trop plan plan d’une Virgine Despentes (Vernon Sullivan, pour ne pas le citer) par exemple. Genre « Chapitre impair : Point de vue narcissique sur lui du personnage stéréotype (un facho, une vieille frigide coincée du c., etc.) » / « chapitre pair : Point de vue de Vernon sur le personnage, grand révélateur de la grande vérité satiriquement minable du pauvre type / de la vieille peau, etc. ».
Oui : pour moi, c’est salutaire, de savoir se perdre, errer, tenter de recoller les morceaux, avoir à imaginer des suites et explications.

clashortrash
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le 16 oct. 2018

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clashortrash

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