Sans un certain livre de H.G. Wells puis, plus tard, la bombe d'Hiroshima, le père de Richard Flanagan n'aurait pu survivre dans le camp de prisonniers, au Japon, où il s'affaiblissait de jour en jour, en l'année 1945. Et donc, le romancier australien, auteur notamment du sublime La route étroite vers le nord lointain, n'aurait jamais vu le jour. Mais qu'est-ce que c'est que cette Question 7 qui donne son titre à ce nouvel ouvrage du natif de Tasmanie ? Disons que cela a à voir avec Tchekhov mais laissons aux futurs lecteurs le soin de le découvrir par eux-mêmes. Question 7 n'est pas un roman mais il y a quelques morceaux de fiction dedans, au milieu des souvenirs épars de l'auteur. Une autobiographie, alors ? Oui, en partie, livrée sous forme de fragments, avec en particulier le récit de moments passés, à l'âge de 21 ans, entre la vie et la mort. Mais Question 7 est autre chose encore et sans doute d'abord une lettre d'amour aux parents de Richard Flanagan et à sa chère île si singulière de Tasmanie. Qui mieux que lui peut décrire l'histoire douloureuse de cette dernière, avec l'extermination systématique de ses premiers habitants, aborigènes, par les bagnards anglais déportés. "Je suis le fruit d'un génocide et d'une société esclavagiste" écrit l'auteur, qui ne mâche pas ses mots non plus pour fustiger l'éducation reçue à Oxford et la morgue britannique à son encontre. On peut avoir l'impression d'un livre fourre-tout, nostalgique et amer, mais ce n'est pas vraiment cela. Ce sont les confessions et la vision du monde d'un écrivain à la fois humble et érudit qui interroge le sens de la vie, ses hasards et ses coïncidences, pour une sorte de bilan, la soixantaine venue. Et c'est le plus souvent enrichissant et passionnant de la part d'un esprit libre, conscient de son héritage familial et national, qui nous captive parce que, quoiqu'il écrive, il ne perd jamais son talent de conteur.

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le 7 sept. 2024

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