Edouard Louis, Emile Louis, Edouard Philippe… Je m’y perds un peu avec tous ces gens qui n'ont que des prénoms. Reprenons :
_ Edouard Louis, écrivain.
_ Emile Louis, serial killer.
_ Edouard Philippe, Premier ministre.
Sur les trois, il y en a un que je préfère nettement aux deux autres. Un indice : ce n’est pas l’écrivain. Lui me fait un peu bailler.
Il vous faut peut-être un argument…
Disons qu’après lecture de Qui a tué mon père, je suis en mesure d’affirmer que plus je lis Edouard Louis, plus j’ai l’impression qu’il essaie de me baratiner.
C'est pas de ma faute : je n’y crois pas à ses histoires de papa devenu alcoolique à force d'être un prolétaire écrabouillé par des vilains présidents de la République. Et je n’y croyais pas non plus, dans En finir avec Eddy Bellegueule, à ses histoires de villageois arriérés farouchement opposés à la sodomie passive. Et pas de méprise : je ne suis pas juge, seulement lecteur. Elles sont peut-être vraies ses histoires, je n’en sais rien. Je dis seulement qu’elles font chiqué et que ce n’est pas une plume qu’il a ce bon Louis, c’est un Stabilo.
On ne compte plus le nombre de films ou de livres fiers d'afficher la mention « Inspiré d’une histoire vraie ». Edouard Louis ne va pas jusque là, mais il semble incapable d'écrire quoi que ce soit sans se sentir obligé de sous-entendre très fort qu'il dit la vraie vérité 100 % véritable. Et d'une, Cahuzac et Fillon faisaient un peu la même chose et de deux, la vérité, ça intéresse qui ? Je préfére mille fois des bobards qui ont l'air vrai à des vérités qui ont l'air bidon. Un écrivain peut me raconter ce qu’il veut – hier soir, alors que j’allais me coucher de bonne heure, je suis tombé sur un extraterrestre qui s’appelait Gontran et qui cherchait des biscottes – s'il réussit à faire vrai.
Et puis Edouard Louis aime la sociologie alors que la sociologie me rase. Et puis Edouard Louis se donne des airs d’écrivain qui met les pieds dans le plat alors que, dans le fond, il dit à peu près la même chose que tout le monde. Sa dernière trouvaille : les hommes politiques sont tous des salauds… Et ben dis-donc… Personnellement, je les trouve pas si mal nos élus. Tous. Du parti LR jusqu’à la France Insoumise en passant par La République en marche, mais stop. La polémique me fatigue alors que je suis tombé dans la fatigue comme Obélix dans la potion magique : à la naissance.
Pour finir, vous l’aviez compris, mon homme à double prénom préféré, c’est Emile Louis, « le boucher de l’Yonne ». Enfin non. Ce monsieur a tué des jeunes filles et je suis fermement opposé à cette pratique. Mais il avait tellement de choses terribles à raconter que, curieusement, soit il parlait tout doucement, soit il ne parlait pas : Edouard Louis pourrait peut-être s’inspirer du bon côté d’Emile Louis.