Quoi qu'il arrive par benkb

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En attaquant le livre de Sako, je m’attendais à de l’autobiographie. Je m’attendais à un frère jumeau de « La face B » d’Akhenaton. Mais j’avais peur d’une redite rédigée du conséquent canevas que ses nombreux morceaux autobiographiques mis bout à bout brodent.

Fragile /Un bout de route /Combien de temps /Bien paraître / J'ai Plus L'Temps / 18/12/97 /Pourquoi pas moi /Une vie

Le livre est effectivement une biographie, et comme attendu il relate en vers ce qu’on a déjà appris en prose. Mais l’angle est celui du parcours, des influences, de la construction du Sako d’aujourd’hui, qui va nous livrer d’ici la fin d’année son album du moment. L’ouvrage est parfois décousu en termes de chronologie, faisant de déroutants retours arrière pour mieux éclairer un événement, mais est encyclopédique pour ce qui est de la précision des références (le texte est aéré par des citations d’artistes compagnons, les retranscriptions chirurgicales des rencontres majeures).

Le livre ne parle en fait ni tout à fait d’un parcourt d’un fils d’immigré italien, ni de celui d’un novice gravissant les marches, il est le témoignage d’un acharné de travail un peu chanceux d’avoir fait les bonnes rencontres, mais saisissant ces occasions avec cœur, mordant dans la vie, se donnant les armes pour réussir : le travail, mais aussi la sincérité de sa démarche et l’importance des autres.

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

Le rap est pour Sako ce que la boxe a été pour Rocky, le personnage alter ego de Stallone. Ces deux-là avancent contre les éléments, croyant dans la sincérité de leur démarche, en sachant qu’aucun cadeau ne leur sera fait.

The world ain’t all sunshine and rainbows. It’s a very mean and nasty place and I don’t care how tough you are it will beat you to your knees and keep you there permanently if you let it. You, me, or nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard ya hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward. How much you can take and keep moving forward.

Ce livre est un pur plaisir de lecture galvanisante, un récit d’un parcourt humble, brillant, optimiste, parsemé d’histoires d’amitié, d’amour et de grands écarts. Sako a peut-être moins de facilité dans cet exercice que dans son art premier, mais il y a mis du cœur, de l’âme, peu de rancœur mais une large tribune à ceux qui l’ont aidé. Et, régulièrement, on trouve des fulgurances, de très belles formules, un choix lexical bien à lui. Qu’on soit amateur de rap ou non, c’est un livre qui mérite qu’on s’y attarde, et qui fait du bien, car il est rempli d’humanité.

En guise de perspective, notons que le meilleur passage du livre est cette parenthèse enchantée, plus écrite, plus narrée, que constitue la rencontre avec son épouse. C’est extrêmement beau, très délicat, l’émotion passe parfaitement. Sako pourrait se révéler être un excellent conteur, sur une fiction un jour peut-être?

Les quelques titres offerts aux lecteurs sont du même tonneau que le livre, transpirent des mêmes intentions. « Le reste de ma vie » est finement ciselé, sur une superbe composition. « Madame monsieur » est la version hip-hop du « Mama don’t » de J.J. Cale. C’est du sérieux, c’est enthousiasmant, vivement l’album.

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Le livre d’Akhenaton ["La Face B"] a plus d’envergure – rien que pour l’exposition de son contexte, est plus cohérent, plus régulier dans la qualité de son écriture et la structure du récit, plus complet, mais aussi plus clinique, un petit peu moins chaleureux, moins personnel. Ca n’est pas la même énergie qui émane des livres des deux amis. Ils se répondent, ce sont des parcours qui se croisent, deux MCs séparé d’une seule génération, l’un en légende du rap Français, l’autre marquera probablement plus l'histoire intime de son auditoire que celle du Hip-Hop. Je vous recommande ces deux lectures complémentaires.