Racisme, la responsabilité des élites

Résumé : Le racisme serait-il devenu une catégorie de la délinquance populaire à inscrire au passif des plus défavorisés ? Pour Gérard Noiriel, cela est inacceptable car faux. Il éclaire d'un jour cru les nouveaux contours de la stigmatisation raciale contemporaine, fort différente du racisme des années 1930. En se défaussant de la production de stéréotypes, les professionnels de la parole publique, (es élites, se refusent à assumer leurs responsabilités. Il nous invite à nous accorder sur les faits pour déjouer fantasmes et abus de langage.Gérard Noiriel est socio-historien et directeur d'études à l'ÿcole des hautes études en sciences sociales. Il est l'un des précurseurs de l'histoire de l'immigration en France. Il a démissionné de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, dirigée par Jacques Toubon, le 18 mai 2007 lorsque est annoncée la création d'un Ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Il est membre du tout récent Institut d'études sur l'immigration et l'intégration, initié par le Haut Conseil à l'Intégration. Il a récemment publié chez Fayard Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècle) - Discours publics, humiliations privées et prépare chez Agone, ÿ quoi sert «l'identité nationale.Extrait du livre :Comment le sens du mot racisme a-t-il évolué au cours du temps ?Comme je l'ai dit il y a un instant, au commencement de son usage, le mot racisme était synonyme d'antisémitisme. Il fut d'abord revendiqué, de façon marginale et méliorative, par Charles Maurras et par des militants de l'Action française avant de devenir un stigmate. ÿtant donné le succès qu'a rencontré le racisme en Allemagne, il est devenu quasiment impossible pour un Français, fût-il d'extrême droite, de se dire «raciste». Le terme a donc été massivement véhicul?