Comme j'ai lu (et adoré) "Orgueil et préjugés" il y a seulement quelques mois, je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison tout au long de la lecture de "Raison et Sentiment", d'où ce "petit" sept (oui, tout est relatif, mais sans la comparaison, ce livre aurait sans doute mérité un 8).
Côté déception, le rythme est moins maîtrisé que dans "Orgueil et préjugés", et il y a quand même un grand moment de creux quand on a passé la moitié du livre (le séjour des sœurs Dashwood à Cleveland m'a passablement ennuyé). Et à la lecture des deux romans, on ne peut s'empêcher de reconnaître les archétypes de personnages de Jane Austen : le jeune séducteur frivole, la jeune héroïne sensée, l'amoureuse séduite et abandonnée, etc...
Après, je dois quand même rende justice à ce roman, qui reste un très bon moment de lecture. La manière dont l'auteur dépeint ses personnages est toujours aussi savoureuse. Tous, y compris les plus secondaires, sont dotés de traits de caractères propres, et tous sont particulièrement vivants. Et puis il y a le style, l'ironie mordante de l'auteur, qui fait que l'on rit presque à chaque page. Un petit exemple : "Il n'avait pas une mauvaise nature, à moins qu'on ne qualifie ainsi la sécheresse de cœur unie à pas mal d'égoïsme ; mais il était considéré, en général, comme un homme respectable, car il se conduisait correctement dans les circonstances ordinaires de la vie."
Sa description des travers de la bonne société de l'époque et des motivations de certains personnages est un régal, et reste d'une surprenante actualité.