Utopie ou Dystopie ?
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le 18 oct. 2013
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Imaginons un monde où nous n’aurions plus accès à aucune technologie. Où tout ce confort dont nous profitons serait supprimé. Qu’adviendrait-il ? Nous ne pourrions plus rien faire. Ayant confié l’essentiel de notre vie à des machines, des intelligences artificielles, des ordinateurs, etc. nous serions démunis s’ils ne fonctionnaient plus. La vie serait survie, lutte pour les ressources disponibles d’où seuls les plus forts émergeraient pour imposer leur loi.
Tel est le propos de Ravage, de René Barjavel.
On peut découper son roman en trois parties principales : dans la première, on nous présente l’univers et les personnages, notamment François, beau gosse de campagne un brin autoritaire, et Blanche, l’élue de son cœur, jeune fille ambitieuse et innocente. On le voit, nos protagonistes sont ambigus et ne cesseront d’ailleurs pas de l’être.
Barjavel s’attarde longuement sur les techniques de son cosmos : vêtements, matériaux de construction, moyens de transports, cryogénie (avec cette idée géniale de congélation des défunts, cruciale pour la suite de l’intrigue). Mais c’est pour mieux en souligner l’absence lorsque tout s’effondre.
Du jour au lendemain, une société hyper-technologique se retrouve dépourvue d’électricité. Les avions s’écrasent, les métros ne fonctionnent plus, les morts congelés se décomposent, la maladie frappe, les vivres et l’eau manquent. Très vite, le chaos s’installe.
Dans cet immense désordre, un petit groupe de personnages prennent la route de la Provence, encore épargnée. C’est le deuxième acte, en quelque sorte, de notre histoire. On y observe un dépouillement continu de nos héros : non seulement la mort fauche leur groupe, mais ils sont progressivement privés de leurs moyens de survie les plus élémentaires, jusqu’à leurs vêtements. Comme un retour à la nature (et au naturisme).
Puis, vient la troisième partie du roman, la plus courte, mais aussi, peut-être, la plus intéressante. Si le roman s’était arrêté aux deux premières parties, on n’aurait guère eu qu’une critique de la technique comme on en trouve à présent dans beaucoup d’œuvres fictives ou non (La France contre les robots de Bernanos). Barjavel complète cette réflexion par l’esquisse d’un retour à une société traditionnelle, hostile à la technologie.
Est-ce une apologie ? Les opinions politiques de l’auteur le laissent deviner. Mais on peut aussi y voir un avertissement : la technique présente des inconvénients, c’est vrai, mais sommes-nous vraiment prêts à nous en passer ? Car le monde né de l’apocalypse est glaçant à plus d’un titre : polygamie obligatoire, culte de l’ignorance et de la souffrance, prohibition du savoir et de l’alcool. Barjavel semble nous dire : la technologie est critiquable, mais l’alternative est-elle préférable ?
Le lecteur jugera.
Il jugera aussi les aspects datés de l’œuvre, inévitables, tant il est difficile de décrire le futur avec précision. Il trouvera, ça et là, des défauts certains. Je doute, cependant, qu’il nie la pertinence et la force de ce livre, pionnier du genre post-apocalyptique, jalon incontournable de la science-fiction française et, tout simplement, très bon roman.
Créée
le 1 mai 2025
Critique lue 2 fois
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