Quand l’humanité sent plus le lisier que la grandeur

Si tu pensais que les sagas familiales étaient toujours pleines de grandes destinées et de secrets bien gardés, Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo est là pour te rappeler que parfois, c’est juste une histoire de boue, de sang et de bestialité qui se transmet de génération en génération.

L’histoire suit une famille paysanne sur cinq générations, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à l’industrialisation de leur exploitation porcine. Au fil du temps, la ferme devient une véritable machine infernale, où les corps – humains comme animaux – s’usent et se tordent sous le poids du labeur, de la violence et de la misère. C’est une fresque crue et implacable où la nature et la chair sont indissociables, où la survie écrase tout ce qui ressemble à de la tendresse.

Le gros point fort ? C’est un choc littéraire. L’écriture de Del Amo est sublime, organique, immersive, oscillant entre le poétique et le brutal. Les scènes sont d’une puissance viscérale rare, que ce soit dans la guerre, le travail à l’abattoir ou les tensions familiales étouffantes. Il y a quelque chose de profondément dérangeant et fascinant dans cette façon de dépeindre l’humain comme un simple maillon du règne animal.

Le hic ? C’est une lecture éprouvante. Si tu espérais une fresque rurale bucolique à la Giono, oublie. Ici, c’est la sueur, le sang, la merde et le bruit des bêtes qu’on égorge. Il faut avoir le cœur bien accroché, car Del Amo ne ménage personne, ni ses personnages, ni ses lecteurs.

Bref, Règne animal, c’est un roman puissant et impitoyable, une plongée hypnotique dans la déshumanisation et l’industrialisation de la nature. À lire si tu veux une claque littéraire qui ne laisse pas indemne… et que l’odeur du lisier ne te fait pas peur.