Tous les chemins mènent au rhum

Autant le premier roman de Jean-Marie Biette m’avait, si pas emballé, au moins intéressé, celui-ci me laisse plutôt un goût de trop peu. C’est que l’auteur qui a choisi le décor de la Course du Rhum pour y mêler une vague enquête policière, oscille entre l'auteur, qu’il est, et le professionnel de la voile, qu’il est également. Mais la balance penche très rapidement du côté de la mer. La chose n’est pas inintéressante mais la lutte est inégale tant sa connaissance de la mer supplante celle du monde policier. Les descriptions et explications, souvent même trop vulgarisées, des manœuvres et techniques de la course hauturière prédominent sur les pistes et soupçons que l’enquête devrait susciter. L’auteur, en effet, délaisse trop souvent ses investigations pour nous assommer avec moults clichés touristico-pittoresques de la Caraïbe, des bars et restaurants locaux. Vous saurez tout de la cuisson du chatou grillé et de la confection des acras.

On a très vite l’impression de compulser le guide Michelin plutôt que de lire un roman policier. Même le commissaire Rochard – qui rime très vite avec pochard – se soucie beaucoup plus des rhums antillais et de la cuisine locale que de son enquête. Et si l’auteur souhaitait nous le présenter sympathique et débonnaire, il nous apparaît plutôt rustre, goinfre et mal équarri. Bloqué au siècle précédent, il abreuve son entourage de jeux de mots et calembours douteux qui, pourtant, dans la bouche de Gabin ou Ventura fleuraient bon la gouaille française. Globalement déplaisant, le commissaire est cependant le seul personnage qui soit réellement campé, laissant aux autres la transparence de fantômes. Quant à la trame policière elle est réduite à sa plus simple expression.