Rouille
6.3
Rouille

livre de Floriane Soulas (2018)

Dans Rouille, le potentiel est bien présent, mais l'auteure n'a pas été au bout de ses idées !

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Une couverture pleine de promesses



Moi qui suis très attentivement les parutions de la maison d’édition Scrineo – surtout après avoir découvert Aurélie Wellenstein et Gabriel Katz -, j’ai tout de suite été attirée par Rouille. Une couverture merveilleusement sombre, un univers steampunk, une héroïne amnésique : il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre !


Je dois cependant vous avouer que mes attentes n’ont pas été entièrement comblées. Je m’explique juste après ! D’ailleurs, accrochez-vous, car j’ai beaucoup de choses à dire…



Une plume qui se cherche encore ?



Durant les premiers chapitres, j’ai rencontré certaines difficultés au niveau de l’écriture. Pour moi, la plume de Floriane Soulas manquait de fluidité. Certaines descriptions me paraissaient floues et des répétitions venaient s’insérer dans le texte un poil trop souvent.


Néanmoins, plus je lisais, moins ma lecture exigeait d’efforts. Est-ce parce que la plume de l’auteure gagnait en limpidité ou parce que je m’y habituais progressivement ? Un peu des deux, j’imagine.



Ma rencontre avec Violante ne s’est pas faite sans heurts



Après avoir lu le synopsis, j’étais curieuse de faire la connaissance de cette héroïne ; ce n’est pas tous les jours qu’une prostituée endosse le rôle principal. Seulement, voilà : Violante ne m’a pas totalement convaincue. Cloîtrée jour et nuit au sein des Jardins Mécaniques – la maison close la plus en vue du moment – elle n’a pas de vie en dehors de son travail. Si elle jouit de quelques privilèges, c’est uniquement parce que beaucoup d’hommes la trouvent à son goût. Pourtant, elle semble pouvoir sortir comme elle l’entend. Première incohérence donc, que BlackWolf a également relevée (n’hésitez pas à lire sa chronique).


Ensuite, notre héroïne a, semble-t-il, reçu une véritable éducation, mais ça ne se ressent pas dans son attitude. Certes, elle a perdu la mémoire depuis quelques années déjà, mais sa personnalité est en principe restée intacte… ou pas, à l’évidence.


Enfin, pour une fille de joie, elle ne reçoit pas beaucoup de clients, alors qu’elle est censée remporter un vif succès. En bref, je n’avais pas vraiment l’impression d’avoir affaire à une prostituée – ni même à une dame de noble naissance devenue prostituée par la force des choses.



Une héroïne décidément bien entourée



Autour de Violante gravitent plusieurs individus. Pour commencer, Léon, son proxénète. Je le trouvais imbuvable au départ, mais c’est justement ce qui faisait tout l’attrait de son personnage. De ce fait, je n’ai pas apprécié son évolution, incompatible avec le milieu dans lequel il évolue, selon moi.


Quant à Jules… En fait, je l’aime bien. Une certaine ambivalence le caractérise, car même s’il a conscience de l’horreur engendrée par la prostitution, il sait pertinemment que, sans ce business, il aurait sûrement mal tourné. Le seul hic : son génie pour la technologie, qui ne colle pas avec son personnage, mais on pardonne aisément ce faux pas à l’auteure, tant on se prend d’affection pour lui.


Armand m’a par ailleurs laissée perplexe. Les mystères qui l’entourent au début du livre ont bien entendu attisé ma curiosité, mais les révélations à son sujet, trop simplistes sur certains aspects, m’ont déçue. Je pense sincèrement que Floriane Soulas n’a pas exploité tout son potentiel.



Comme un sentiment d’inachevé



On en arrive au point crucial de ma chronique : l’univers. Je trouve en effet que l’auteure n’assume pas jusqu’au bout l’ambiance sombre de son récit. Comme si elle avait peur de choquer son lectorat – ce qui est peut-être le cas. Quoi qu’il en soit, quand je me lance dans ce genre de lectures, c’est justement pour retrouver ce côté un peu glauque, un peu sinistre. Et là… non !


En découvrant la maison close où vit Violante par exemple, j’ai tout de suite senti que les choses seraient édulcorées. Pourtant, on parle bien de prostitution ! Alors, bien sûr, je n’avais pas spécialement envie de me farcir des détails sordides à la pelle, mais dans Rouille, on oublie bien trop vite que l’héroïne est une fille de joie. De même, il y a comme un décalage entre ce que l’on dit des bas-fonds de Paris – apparemment, il est dangereux de s’y aventurer… – et les décors rencontrés par nos personnages dont l’imprudence frôle l’inconscience.


En outre, le synopsis fait mention de progrès scientifiques incroyables et de voyages sur la lune. Or, pas un seul instant, l’auteure n’aborde sérieusement cette thématique. Et quel dommage ! Car les éléments permettant de créer un univers steampunk sont bien présents, mais à peine esquissés. Ils ne servent qu’à faire avancer l’intrigue, en fin de compte.


Ceci dit, le développement de l’univers n’est pas une priorité pour tous. J’imagine donc que cet inconvénient peut aisément se transformer en avantage, selon les attentes du lecteur. Je vous invite d’ailleurs à lire la chronique de Mallou14, plutôt positive, pour vous faire une autre idée de ce one-shot, si jamais il vous intéresse.



Mais alors, j’ai détesté ce livre ?!



On pourrait le penser au vu des points cités plus haut, mais en fait, pas du tout. Même si je lui reproche un certain nombre de choses, tourner les pages était loin d’être pénible. J’ai même apprécié suivre l’enquête menée par nos héros et ai été surprise par le fin mot de l’histoire. Simplement… Rouille aurait pu être tellement plus abouti selon moi, et ça me fait grincer des dents !


Cela vaut tout particulièrement pour l’intrigue et, surtout, les sous-intrigues (le double jeu d’Ayati, les progrès scientifiques d’Armand, l’offre faite par la couturière…) dont les multiples chemins se sont brutalement arrêtés, sans explications. De plus, le scénario doit également composer avec quelques incohérences et une romance parfaitement inutile, voire carrément bancale.



Le dénouement ne me plaît pas, encore !



Sur ce point, j’ai peur de trop en dévoiler. Même lorsque les chroniqueurs se contentent de dire s’il s’agit d’un happy end ou, au contraire, d’une fin dramatique, je leur en veux déjà de m’avoir mise sur une piste. De ce fait, je ne peux décidément pas vous expliquer pourquoi. Sachez simplement que j’ai trouvé la fin en décalage avec les événements précédents et, par conséquent, peu crédible.

Créée

le 17 juil. 2018

Critique lue 452 fois

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