La rue de la Sardine, se trouve dans la ville de Monterey en Californie, elle doit son sobriquet à la pêche qui est la principale activité de ses habitants. Elle comporte un véritable panel de paumés, d'arrivistes, une ville pauvre des Etats-Unis parmi tant d'autres, somme toute. Les tuyaux des usines sont loués pendant la nuit pour y faire dormir les ouvriers sans le sou, véritable hôtel souterrain. Un jour, Mack et sa bande de voyous, en ont marre de cette vie, et décident de trouver un stratagème pour être mieux logés. Justement, le gérant de l'épicerie du coin, Lee Chong, vient de récupérer en paiement de dettes, un petit local qui servait à entreposer de la farine de poisson. Aussitôt les compères vont à la boutique proposer au vieil homme la protection de l'endroit en échange d'une location, l'oriental comprend bien le véritable enjeu, s'il refuse, ils saccageront son bien jusqu'à ce qu'il accepte, il transige à leur louer 5 dollars la semaine, sachant bien qu'il ne verra jamais la couleur de cet argent. Le lieu est très vite aménagé et baptisé le "Palais des coups" , il a pour avantage d'éloigner tout les autres malfrats de ce coin de la ville. La seule personne respectée par tous est Doc, le gérant du Laboratoire Biologique de L'Ouest, qui a le don d'écouter les gens et de faire naitre de la sagesse chez les plus sots de ses concitoyens. Chirurgien à ses heures, il a sorti bien des travailleuses de chez Dora, la mère maquerelle, d'un embarras certain. Les gars du Palace décident de faire quelque chose pour lui, Doc n'a pas besoin de femme, et se paie tout l'alcool qu'il veut chez le vieux Chong, ils décident donc de lui organiser une fête surprise. Mais malgré toute leur bonne volonté, la chance et leurs instincts de mauvais garçons vont leur rendre la tâche bien plus difficile qu'il ne leur avait semblé au départ.

J'ai lu Steinbeck sur le conseil de ma chère poétesse (http://manifesto.blogspace.fr/), c'est vrai que je n'avais en tête que les fameux Raisins de la Colère dont j'avais dû voir l'adaptation télévisuelle gamine, et qui ne n'avait pas laissé un souvenir particulièrement agréable. J'ai bien fait de t'écouter! Quel délice que ce roman, la subtilité dans la vision du peuple, pas de satyre cynique comme on en voit tant. La préface nous dit si justement qu'un lecteur peut penser des personnages qu'ils sont soit "des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains" soit " des saints, des anges et des martyrs" "et que ce serait revenu au même", car ce sont des hommes, tout simplement, et parfois l'un n'empêche pas l'autre. Je n'ai pas pu m'empêcher de tomber sous le charme des petits malfrats sur qui la destinée, et il faut bien le dire, leur caractère, s'acharne, Mack et sa verve de politicien, Hazel le gentil idiot... Doc quant à lui, c'est un philosophe accompli, en phase avec son environnement, même si on est étonné qu'il ne souffre pas du décalage évident qu'il existe entre lui et ses concitoyens, au fil du livre on comprend qu'il leur est nécessaire et que la réciproque est également vraie. Même l'épicier avare cache quelque douceur derrière ses airs intraitable, et permet à des familles entières de vivre grâce à tout les crédits qu'il accorde. On retrouve un peu l'ambiance du Seigneur des Porcheries d'Egloff ou bien de Last Exit to Brooklyn de Selby Jr., la violence étant cependant beaucoup moins présente, et, ça fait du bien. Le whiskey, lui continue de couler à flots, le fameux Old Tennis Shoes (jeu de mots avec Old Tenessee) fait fureur chez les clients de Chong. Steinbeck sait user de la juste dose d'ironie, aux bons moments, et on arrive à s'émouvoir du sort de chacun des personnages, les émotions sont dosées avec génie. Je lirai avec enthousiasme d'autres romans de cet auteur!
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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