Flash Moab

Ruth est une sorte de nouvelle (le livre ne tenant que sur 4 pages dans ma Nouvelle Bible Segond dédicacé par son auteur), une sorte préquelle aux livres de Samuel, ces derniers introduisant le roi David : Ruth et Booz (plein de blagues à faire avec ce prénom) ayant à la fin du livre dont il est question aujourd'hui un fils prénommé Obed, ancêtre de David et d'un certain gars pas trop connu qu'on appellera Jésus de Nazareth.

Clichés oblige, ça parle beaucoup de rachats : le dernier chapitre devenant presque une véritable partie de poker.

Plus surprenant par contre, ce livre comporte un ratio de dialogues bien plus élevés que dans les précédents et n'appel pas à faire la guerre ou à exterminer un autre peuple. Peut-on voir un lien entre ces deux constats ? Ce livre est-il là pour nous prouver que dialoguer c'est mieux que faire la guerre ? L'Ancien Testament s'orienterait-il enfin vers des solutions moins conflictuelles ?… spoiler : le premier livre de Samuel me donne plutôt tort pour le moment.

Plus sérieusement, on pourrait sans aucune difficulté considérer ce livre comme étant avant-gardiste : une femme est au centre du récit (je rappelle que seuls deux livres de l'Ancien Testament portent le nom d'une femme, le second étant Esther), une étrangère qui plus est, et pour couronner le tout, arrière-grand-mère de David. Enfin, la loi de la Torah, demandant à se montrer généreux envers les immigrés, est enfin appliquée, mais surtout, aucun dieu n'exige ici qu'on extermine tout un peuple.

De surcroit, ce court livre n'est pas à déconsidérer et a même revêtu une importance particulière au début du sionisme, montrant comment le retour de l'exil en Terre d'Israël « redonne vie aux gens » et les difficultés pour un étranger de s'intégrer dans le pays de Netanyahou.

En outre, ce livre tient toujours un rôle lors de la célébration de la Chavouot (la Pentecôte) et a même servi de références à de nombreux écrivains (coucou Victor Hugo), mais aussi à de nombreux peintres. En effet, si on excepte certaines œuvres faisant directement référence au livre dont il est question ici (comme L'Été de Nicolas Poussin ou Naomi appelle Ruth et Orpah à rentrer chez elles au pays de Moab de William Blake, au cas où vous ne trouveriez pas le titre assez excplicite), difficile de ne pas faire un lien entre les peintures de Jean-François Millet sur le travail paysan et le chapitre 2 du livre de Ruth.

Probablement l'un des meilleurs livres de la Bible que j'ai pu lire jusqu'à présent… même si je suppose que sa faible durée et l'absence d'un Dieu qui demande à ce qu'on extermine les voisins aide un peu.