Critique de "Savoir ou périr"

• Édition lue : publiée en août 2025 aux éditions Le Seuil. EAN : 9782021588965.

Résumé

Contribution utile mais qui se heurte parfois à un manque d'approfondissement de certains arguments.

Détails

En moins d'une centaine de pages, Bernard Lahire expose pertinemment les menaces que représente une vision marchande et compétitive de l'éducation et de la recherche. Avec ce court essai, le sociologue démontre comment l'obsession pour les classements et les concours est venue nuire à la curiosité nécessaire aux différents apprentissages en formant des "bêtes de concours" plutôt que des jeunes gens stimulés par des connaissances variées et mobilisées par elleux mêmes.

Par ailleurs, il met en lumière les conséquences mortifères des politiques libérales menant à une pression temporelle constante et à une réduction des moyens qui contraint les enseignant·es à bâcler leurs contenus pour boucler les programmes, et les apprenti·es chercheur·es à ne pas trop élargir leurs pistes au risque de ne pas pouvoir terminer leur thèse.

Le texte manque parfois de profondeur dans son argumentation, qu'il s'agisse d'exemples forts ou de démonstrations plus développées. Je pense notamment qu'il était possible de mieux expliciter les étapes successives des conséquences terribles des paradigmes combattus par l'auteur. Tout comme de mieux donner à voir le bénéfice de politiques éducatives décentrées de l'insertion professionnelle et des classements scolaires. Cela étant, Savoir ou périr rend bien compte de la cohérence entre le court terme des apprentissages tâtonnants et le long terme de l'épanouissement et de la résistance des sociétés humaines.

Ainsi, ce livre demeure un appel paradoxalement réjouissant à l'anticonformisme professionnel et à la lutte contre ce que Bernard Lahire nomme à juste titre les "destructeurs acharnés de nos conditions de vie présentes et à venir".

8,25/10.