Scarface
6.4
Scarface

livre de Armitage Trail (1929)

Chicago, début du XXe siècle, temps de la prohibition et apparition de bandits d'un nouveau genre, les gangsters. C'est dans ce climat que vit le jeune Tony Guarino, fils d'immigrés italiens sans histoires. Son frère aîné se lance dans une brillante carrière policière, alors que de son côté il est attiré par la délinquance. Il commet son premier crime à l'âge de dix-huit ans, fou amoureux d'une danseuse, Vyvyan Lovejoy, malheureusement déjà en couple avec un des plus gros bonnets du coin. La confrontation fatale finit par avoir lieu et pour sauver sa peau Tony tue son rival, et acquiert par la même occasion une réputation de dur à cuire ainsi que la femme qu'il convoitait. Il se fait une place dans un gang d'Irlandais malgré ses origines il est accepté rapidement dans le microcosme, se refusant au vol qualifié, il passe maître dans l'art du racket et de l'intimidation. Cependant la police finit par s'intéresser de près à lui et gêne le travail illégal du gang, il est donc obligé de se faire discret. La première guerre mondiale éclate à ce moment là, et bien qu'il ne nourrisse aucun instinct patriotique, il s'engage y voyant une occasion en or de fuir la ville le temps que les autorités l'oublient. C'est un soldat exemplaire, son charisme et son autorité sont encore une fois des atouts considérables, il est blessé puis décoré de la Croix de Guerre. Après l'Armistice, il est renvoyé chez lui, avec la somme de 6000 dollars qu'il a réussi à mettre de côté pour refaire sa vie avec Vyvyan. Mais quand il arrive au domicile de sa belle, elle ne le reconnait pas à cause de la cicatrice qui lui barre le visage, pis encore, il la trouve en ménage avec un autre homme. Elle lui annonce qu'il a été déclaré mort il y a quelques semaines, et son sang ne fait qu'un tour, il commet un double homicide. La vie rangée dont il avait rêvée est morte-née. Prenant conscience qu'on le croit mort et qu'il est devenu méconnaissable, il prend une nouvelle identité, Tony Camonte, et cherche un nouveau gang dans lequel s'intégrer qu'il compte faire fructifier.

Ce polar a longtemps été inédit en France, contrairement aux films qu'il a inspirés, et surtout le second avec le célèbre Al Pacino, campant le rôle de Tony Montana. Le manque de succès de ce livre n'est pas un mal étant donné qu'il est plutôt mauvais.

L'intrigue tient avec des ficelles plus que grossières, le style est lourd et malhabile... J'ai discuté avec des amis ayant vu la version cinématographique et apparemment, les scénaristes se sont rendus compte des faiblesses de l'histoire originale et l'ont modifiée en conséquence. Je n'aurais pas pensé un jour saluer cette initiative.

Armitage Trail, même si il l'a démenti devant les menaces dudit monsieur, se serait inspiré d'Al Capone pour le personnage de Tony, loin du gangster que j'attendais, je me suis retrouvée devant un superman de pacotille.. Je m'explique. Tony revient du front avec une cicatrice qui lui barre la joue jusqu'à la bouche, lui donnant une moue étrange, et paf, sa propre mère ne le reconnait plus! Aussi efficace que les lunettes de Clark Kent. Plus tard, il se fait mitrailler par un gang rival, et il arrive à s'enfuir en sautant une barrière, et encore plus fort, à compter les impacts. Alors, d'accord, il porte un gilet pare-balles, mais à l'époque ils étaient loin d'avoir l'efficacité d'aujourd'hui, de plus si on tire à la mitraillette sur quelqu'un, il va tomber à cause de la force des balles, qui risquent bien de lui casser des côtes, et il me semble peu probable que dans une volée de mitraille il ne soit touché exactement qu'à l'endroit où il est protégé. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, comme si le charisme, la ruse et la beauté du personnage ne lui suffisaient pas.

L'auteur a recours a de nombreuses redites, comme si il avait peur que le lecteur eut oublié ce dont il avait parlé trois pages plus tôt, ce qui ajoute encore à la lourdeur du texte.

Une dosette d'ersatz de testostérone pour homme frustré, mieux vaut se regarder une saison de Breaking Bad.
Diothyme
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le 18 mars 2012

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Diothyme

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