Séraphîta
6.6
Séraphîta

livre de Honoré de Balzac (1834)

L'Amour, la religion, tout ça. Pas trop pour moi...

Sans être une grande lectrice de philosophie, j’y ai fait d’assez nombreuses incursions. Mais il faut dire qu’à part Nietzsche, Bataille et, dans une moindre mesure, Sade, peu d’auteurs m’ont réellement passionnée. J’ai sans doute pour cette matière un point de vue trop rationnel et scientifique. Peu de choses me semblent du coup plus inutiles qu’une vision purement mystique du monde, ou ayant en tout cas la volonté de rester sur des idées abstraites.


Je pensais avoir de l’intérêt pour Séraphîta étant justement fascinée par l’aisance avec laquelle Balzac arrive à se glisser dans l’intérieur de personnages très différents, en sortir toute la complexité, et garder à chaque fois de l’ambivalence pour dépeindre un monde où personne n’est jamais strictement mauvais ou absolument bon. J’ai aimé le fait de travailler sur un personnage androgyne, tour à tour perçu comme un homme et une femme selon les attirances des êtres qui le désirent. C’est un bel exercice de style et, d’ailleurs, les moments de narration purs sont un plaisir pour qui aime la plume de l’auteur. Mais, au-delà de ça, Séraphîta est un texte très rébarbatif. Au final, j’ai eu ce sentiment désagréable et fréquent à ma lecture d’essais philosophiques que, sous le coup d’une révélation, l’auteur développait de long en large un concept évident qui ne me semble pas mériter tant d’explications. Notre perception d’homme est limitée, c’est un fait. Ces 200 pages ne disent pas grand-chose de plus. Je n’ai pas non plus saisi pourquoi l’auteur prenait tant de temps à paraphraser Swedenborg. Pourquoi ne pas simplement renvoyer les lecteurs à ses textes ? Ça m’a laissée assez perplexe et c’est à ce moment que j’ai vraiment commencé à décrocher. L’une des grandes raisons aussi est que je n’ai pas été convaincue du tout par la dimension du propos. Les envolées Romantiques ne sont pas du tout une chose à laquelle je suis sensible, surtout quand elles s’enfoncent de plus en plus lourdement dans une dimension religieuse. L’avant-propos a beau proposer aux lecteurs modernes de voir cela comme une métaphore, je ne suis pas persuadée que toutes ces histoires de cieux, anges et visions christiques puissent nous éloigner d’un point de vue profondément chrétien.


Au final, j’ai trouvé le texte d’introduction plus intéressant et instructif. Il résume assez bien le contenu de l’œuvre à suivre. Je n’en ai pas découvert davantage ensuite. Ça ne me fera pas aimer moins Balzac, mais je sais en tout cas désormais que tout n’est pas destiné à trouver une grande admiratrice en moi dans sa vaste bibliographie. Je dirais que c’est un bon complément pour les personnes qui souhaitent tout connaître de l’auteur, et certainement une lecture pleine d’une belle sagesse que pourront apprécier des férus de philosophie héritière de Platon, ou des personnes touchée par une pensée religieuse. L’esprit cynique en moi n’aura fait qu’hausser les sourcils sans tirer beaucoup de plaisir du voyage.


C’est un beau projet d’édition, avec un accompagnement critique solide. Merci aux éditions Sur le fil pour le partage. Je regrette d’être passée à côté et de ne pas pouvoir faire une critique qui rendra hommage à ce travail éditorial qui trouvera certainement un public plus réceptif que moi.


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Barbelo
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le 22 mars 2016

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