Du bon Thilliez, sans pitié, sans quartiers.

Sharko est le dernier bébé de Franck Thilliez, benjamin de la fratrie des aventures du couple Lucie Hennebelle/Franck Sharko.
Avec une telle filiation, la barre était assez haute, mais comme on peut s’en douter, Sharko est à la hauteur de la bibliographie de l’auteur.

En bon sadique qui se respecte, Thilliez n’en a pas finit d’infliger moult malheurs au couple de flics du 36. Après leur avoir fait tout perdre pour leur redonner un peu d’espoir et une vie de famille bancale mais heureuse, l’auteur est bien décidé à jouer avec leurs nerfs en les menaçant de tout leur reprendre, et bien plus encore : Leur couple, leur famille, leur liberté.

Tout ça à cause d’une boulette de Lucie qui, reprenant une enquête de son défunt oncle, se retrouve illégalement à fouiller le domicile d’un suspect potentiel. Suspect potentiel qu’elle tue en état de légitime défense. Bon, la jeune femme n’est pas une criminelle dans le fond. Mais allez expliquer à un juge et à un jury ce qu’une policière faisait au domicile d’un homme chez qui elle était entré par effraction avant de le tuer. Comment blâmer un homme qui s’en prend à une cambrioleuse potentielle ? Il l’a attaqué, c’est vrai, mais parce qu’il a eut peur ! Et la flic qui se croyait au dessus des lois l’a froidement abattu. Du pain béni pour les journaux et une belle sentence de prison pour la jeune femme.

Evidement, Sharko est bien décidé à empêcher l’emprisonnement pour meurtre de sa femme. Il n’est pas décidé à voir ses fils grandir sans leur mère. Il n’est pas décidé à voir la tranche de bonheur que lui accordait enfin la vie lui être retiré après une bouchée.

Qui mieux qu’un flic au 36, quai des orfèvres peut commettre le crime parfait, même avec un cadavre sur les bras dont il ne peut se débarrasser ? Déguiser la scène de crime, faire disparaître des preuves, rien de plus simple pour un chasseur transformé en proie. Un chasseur qui connait toutes les ruses des chasseurs et les erreurs commises par les autres proies.

Mais si la traque du meurtrier de Ramirez, retrouvé mort et mutilé au fond de sa cave était un bon début, la chose n’est pas suffisante pour Thilliez. Son lecteur aime à suivre une bonne enquêtes pleine de morts sauvages et mystérieuses et le lecteur est roi. Une piste sanguinaire, des meurtres sordides, des morts étranges sans liens apparents, de quoi régaler tout bon fan de Thilliez.

L’enquête principale (qui ne vise d’ailleurs pas à découvrir l’identité de Lucie) est tordue au possible avec des explications qui prennent leur racine dans le temps et des ramifications effroyables dans l’espace. Une traque acharnée comme sait en raconter l’auteur et qui ne devrait pas décevoir les fans des enquêtes du duo.

L’enquête secondaire, celle à cause de qui le couple Sharko/Hennebelle risque gros, est quant à elle plus délicate. Très bien menée, elle pousse le lecteur à ressentir cette petite angoisse pour des personnages auxquels il s’est attaché depuis le temps et le fait même envisager les pires des scénarios. Pour l’enquêteur comme pour le lecteur, l’énigme du meurtre de Ramirez et son dénouement sont pleine de suspens et de doutes.

Le seul regret que j’aurais peut être à formuler, c’est la longueur que met l’enquête principale à démarrer. Thilliez, en voulant planter la menace qui pèse sur son couple d’enquêteur, m’a un peu perdu en cours de route, mais fort heureusement le début de l’enquête sur cette secte sanguinaire m’a bien vite rattrapé par le colbac pour me remettre sur la bonne voix.

Un très bon thriller donc, malgré une ou deux petites longueurs (à mon goût) au début. Une enquête passionnante comme sait en écrire Thilliez.