L'horreur impuissante de l'omniscient...
Ayant entamé une redécouverte de l'œuvre de Stephen King, c'est tout naturellement que j'ai fini par arriver à "The Shining".
Au départ pas très motivée, parce que le film ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable (je ne l'avais pas trouvé tellement effrayant, peut-être par ce que je l'avais regardé en famille...)
Mais forcément, comme à chaque fois chez Stephen King, on est happé dès les premières pages, et malgré le malaise grandissant, on n'arrive pas à se résoudre à refermer le livre : il faut qu'on continue, qu'on boive l'horreur jusqu'à la lie...
La narration a cela d'original qu'on sait dès le début où va l'histoire. Bien sûr, la plupart des lecteurs connaissent déjà le film, mais même si quelqu'un sortait de nulle part et entamait la lecture sans avoir jamais vu l'image de la tête démente de Nicholson à travers la porte détruite, le bouquin se "spoile" tout seul dès le début.
Et c'est ça le coup de génie de Stephen King : réussir à harponner son lecteur alors qu'il lui a déjà balancé la fin. Comment réussit-il ce tour de force ? Par un autre : faire s'identifier le lecteur adulte à un gamin de 5 ans. Car Danny, comme nous, sait ce qui va arriver et est, comme nous, totalement impuissant à l'arrêter.
Nous sommes donc prisonniers du livre comme Danny de l'Overlook, et ne pouvons qu'assister à l'inévitable. C'est horrible, c'est frustant, c'est absolument génial !
Et évidemment, tout cela avec la plume inimitable du Roi Stephen, et sa façon unique de décrire la psyché des personnages...