C'est un méta-roman dont chaque chapitre contient, entre autre, un début de roman (qui s'arrête à chaque fois au meilleur moment). Il arrive toutes sortes de mésaventures à nos personnages (un Lecteur et une Lectrice) qui les empêchent de trouver le livre qu'ils cherchent ou de terminer le livre qu'ils sont en train de lire.
Le narrateur s'adresse directement au lecteur, qui est à la fois un personnage et la personne qui lit ce livre, et réfléchit avec lui aux différentes manières de lire un roman, à ce que chacun y cherche ou y apprécie, ou à ce que l'auteur lui-même en attend. Pour lui, le début est le moment où tout est possible et notre imagination à son maximum, celui où l'histoire peut prendre n'importe quelle direction. Parmi ces débuts fictifs certains m'auraient vraiment tenté à lire en entier, comme Sans craindre le vertige et le vent.
Calvino en profite pour jouer sur certains clichés romanesques avec humour, et pour se moquer gentiment des auteurs, dont ceux qui ont du succès voudraient écrire mieux et ceux qui écrivent mieux voudraient avoir du succès, ou de certains universitaires dont l'analyse purement intellectuelle passerait à côté du plaisir de lecture et de tout ce qu'un roman peut communiquer d'autre. Les éditeurs, les libraires, les services de censures, et les faussaires, font également quelques apparitions, de manière à présenter un peu tout ce monde qui gravite autour du livre.
Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est la capacité de Calvino à refléter l'image de ses lecteurs comme un miroir, ce qui nous fait penser "tiens, je fais ça aussi !" (un ressort comique très courant, mais qui fonctionne). Et c'est intéressant de voir un roman s'extraire de ses pages pour rejoindre le lecteur, plutôt que d'attirer le lecteur dans ses pages.