Marck avait l'odeur du fond, cette odeur qui se répandait dans l'air chaque fois qu'un mécano montait faire une réparation dans ses locaux. C'était le mélange propre à leur travail, un cocktail de transpiration, de cambouis et de vagues produits chimiques. Mais Jahns apprenait lentement à en faire abstraction. Elle constata que Marck était un homme aimable et attentionné, un homme qui la prit par le bras lorsqu'un chariot de pièces ferraillantes passa en trombe, un homme qui saluait tous ceux qu'ils croisaient dans ces couloirs mal éclairés, pleins de fils qui tombent et de tuyaux qui dépassent. Il vivait et respirait bien plus haut que sa condition l'y disposait, pensa Jahns. Il était rayonnant d'assurance. Même dans l'obscurité, son sourire projetait des ombres.
C'était un homme facile à deviner, une de ces personnes qui vieillissent de partout sauf du cœur, un organe qu'il n'avait jamais usé parce qu'il n'avait jamais osé s'en servir.
Traduction par Yoann Gentric et Laure Manceau.