Surprenant. Il n'y a pas d'autre mot, ou plutôt, si, mais tous plus ou moins synonymes... Et la surprise, là, était positive !

J'ai assez vite compris qu'on ne lisait pas ce roman pour son enquête policière, totalement à charge et qui n'avance qu'avec des œillères. On le lit d'abord pour entendre cette "voix" qui traverse le livre et transcende les pages, cette voix qui s'étiole, qui s'éteint et qui meurt avec les traditions d'une "égorgette de la parole".

On se laisse porter, sans toujours comprendre (d'autant plus que, personnellement, je ne comprends pas le créole), mais ça ne paraît pas le plus important. Ce livre est éminemment musical, c'est par les sons que passent les émotions : l'incompréhension, la joie, l'horreur... Et l'écrit, lui, se dit constamment impuissant à porter cette musique, cette parole en déclin, il ne peut que "marquer" les choses, les faire vivre au-delà de soi mais une dimension qui ne rend pas compte de celle de la parole.
Mais la parole, je vous l'assure, est là, omniprésente, chantante, grondante... et dépaysante. On l'entend claquer de la langue, chuchoter, crier...

Tout cela sur un fond d'anticolonialisme compréhensible mais pas totalement manichéen - et la revendication ne prend pas toute la place, c'est aussi cela que j'ai apprécié.

Engagé, poétique et romanesque, que demander de plus ?
Hykul
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le 7 sept. 2014

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Hykul

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