« Tout mystère peut être résolu, si l’on s’y consacre pleinement »

Rapidement mentionné dans La Revanche des Siths, Darth Plegueis a néanmoins un grand rôle scénaristique dans l’univers de Star Wars au cinéma puisque c’est la légende selon laquelle il avait découvert comment empêcher autrui de mourir qui a grandement contribué à la naissance de Darth Vader, lui-même grandement responsable de la chute d’une république millénaire au cœur de l’intrigue des films. Lui dédier tout un tome semblait logique et c’est ainsi que James Luceno, déjà auteur de romans Star Wars comme Vent de Trahison, Labyrinthe du mal ou encore l’ascension de Vador, s’est retrouvé avec ce projet assez ambitieux. Je vous propose de découvrir ce que j’en ai pensé en écoutant le thème de Darth Plegueis, issu de l’OST de Star Wars III La revanche des Siths.


La première partie du récit est bien axée sur ce personnage de Darth Plegueis, un personnage original avec ses motivations échappant à la règle des deux, systématiquement suivie par de nombreux Siths de l’univers Star Wars à ce moment du récit, à commencer par le maître de Darth Plegueis lui-même, qui-même n’est pas franchement développé. Ça joue beaucoup sur l’originalité de son espèce alien, Muun, ne correspondant pas vraiment à l’image que l’on peut se faire d’un grand seigneur Sith de prime abord, mais ce qui est déjà plus intéressant c’est sa façon de voir les espèces civilisées d’une perspective bien particulière, comme les humains pour lesquels il note leur tendance à occuper les positions politiques les plus influentes.


Néanmoins, c’est une intrigue alors peu palpitante à mon goût, ses travaux sur les midi-chloriens et ses mésaventures avec des potentiels Siths constituent un passage que je trouve au final pas si grandiose que ça, compte-tenu de la réputation du livre. On y apprend des éléments intéressants, notamment sur la façon dont Plegueis voit le côté obscur, la légitimité de ses actions ou encore l’avenir de la galaxie telle qu’elle est gouvernée alors. Mais pour moi, le livre démarre véritablement à son deuxième tiers je dirais, plus précisément avec sa rencontre avec celui qui deviendra Darth Sidious.


C’est à partir de ce moment-là que le roman va axer son propos, autour duquel tout gravitera, sur tout ce qui introduit pleinement la prélogie et plus précisément le plan poursuivi par les Siths. Et ça ne se contente pas de l’expliquer mais ça met vraiment en lumière comment est-ce que ça s’est construit au fur et à mesure et pas toujours comme Plegueis l’avait initialement pensé par ailleurs. Par exemple, on apprend que l’armée des clones était d’abord pensée comme alien et combattant directement les Jedis et on comprend pourquoi les choses ont évolué et comment ça a pu avoir lieu concrètement, là où on pouvait voir un raccourci scénaristique dans les films avec des grandes armées qui donnent le sentiment de sortir un peu de nul part.


Là, on comprend que c’est un processus de plusieurs décennies d’habiles manipulations par des êtres réellement influents et discrets qui pouvaient mettre en place à la fois les motifs de guerre de part et d’autre et les moyens de développer deux armées d’égale force sans que cela ne soit clairement perçu jusqu’à un certain point. C’était important de le justifier et les films se sont tellement concentrés sur l’histoire de Skywalker, un choix qui peut s’entendre, qu’ils l’avaient un peu négligé et que la guerre des clones, aussi impactant pouvait-elle l’être, n’avait qu’assez peu de contexte avant ce livre pour justifier son arrivée, comme je pouvais le reprocher dans ma critique de l’attaque des clones.


Mais même vis-à-vis de Skywalker, son histoire est très bien introduite également ici puisqu’une réelle explication à sa naissance est donnée, même si va dans le sens de théories de fans qui datent et qui sont assez évidentes. Ça apporte quand même un petit plus de voir tout ça du point de vue des Siths, à l’image de l’ensemble du livre en fait. Ça n’apporte pas un tout autre niveau de lecture à la prélogie sur la question, mais ça renforce un peu plus la légitimité des choix des films quant à l’évocation de ce passé et de son impact.


En parallèle, la relation entre Sidious et Plegueis est aussi très intéressante pour justifier l’origine des pouvoirs de Sidious et sa vision des choses, très peu explicitée finalement dans les films où il passe le plus clair de son temps à se dissimuler. Une excellente idée fut de justifier l’usage d’un éclair de force sur soi avant de pouvoir pleinement le maîtriser, avec cette touche d’autodérision sur les effets secondaires d’une telle action, ça explique totalement les éclairs de force utilisés par Sidious dans Star Wars 3, illustrant ainsi ce passage comme une montée en puissance à tous les plans pour lui.


Le personnage de Darth Maul est peut-être un peu moins intéressant dans les origines qui lui sont attribuées et au final, ça ne sert surtout qu’à accentuer sa vanité trop grande pour justifier la fin de la menace fantôme, ce n’est pas mauvais mais il n’y a rien de grandiose là-dedans. Je pourrais dire la même chose du personnage de Jabba le Hutt avec tout ce qui l’a amené à sa position, à la course de Pods de Tatouine... absolument rien de mauvais ou d’incohérent là-dedans, mais rien de transcendant non plus.


De façon plus importante à mon sens, la chute à venir de la république est aussi très travaillée de par le contexte politique apporté ici mettant en lumière les problèmes de corruption, de bureaucratie... de façon plus évidente avec une vraie critique de fond par moment :



L’univers semble toujours plus hostile et moins rassurant. Lors de telles périodes, les individus cherchent des solutions simples en votant des lois dures, en pointant du doigt les étrangers et en déclarant des guerres. Nous leur apporterons un semblant de sécurité, qui sera en fait notre puissance, et d’ordre, qui sera en fait leur prison.



L’inaction des Jedis face à ces problèmes soulève une vraie question politique assez profonde sur la nécessité de ne pas fermer les yeux sur les problèmes de société, de se méfier des beaux parleurs démagogues, d’essayer de voir au delà des apparences... et en plus ça confère une véritable légitimité à mes yeux aux motivations du conte Dooku qui perd confiance dans le Conseil de par ce contexte. On en vient presque à accepter la perspective des Siths jugeant les Jedis comme incapables d’assurer la paix dans la galaxie tant ils peuvent être frileux à l’idée d’agir même en situation de crise.


Enfin, le troisième tiers du roman accélère bien les choses avec les jolis plans qui se voient contrecarrés de manière inattendue, des révélations fracassantes sur les travaux de Plegueis, la montée au pouvoir de Sidious avec sa deuxième partie de discours qui fut le véritable point d’orgue du récit pour moi et qui aurait du même être les dernières lignes du roman pour un point final dantesque ! Mais même dans cette phase où les choses s’accélèrent, on reste vraiment sur un rythme relativement posé la plupart du temps et qui sert surtout beaucoup d’informations, et peu d’action.


En somme, Dark Plegueis est un excellent complément d’informations à la prélogie pour y lever ses incohérences, un formidable levier de charisme pour les Siths de l’époque, notamment Sidious, un antre angle de vue sur la génèse de la chute de la république, une contextualisation importante pour la préparation de la guerre des clones... c’est une mine d’or pour donner plus de crédibilité à l’intrigue des films et de charisme à ses antagonistes. Pour moi c'est un parti pris qui a ses limites tant il dépend de la prélogie sans pouvoir pleinement se concentrer sur son intrigue spécifique, mais c'est réussi.


Et pour finir, je vous recommande cette vidéo Tribute de Plegueis avec des extraits du livre superbement intégrés au montage si vous avez lu le livre.

damon8671
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le 24 mars 2019

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