Sur les chemins noirs par Gwen21

Superbe récit, ô combien inspirant et oxygénant ! Prendre la route, qui n'en a pas rêvé ? La randonneuse au long cours que je suis, coureuse de chemins de pèlerinage notamment, s'en est donné à cœur joie.

Sylvain Tesson est un baroudeur de la géographie et un explorateur de l'humain qu'on ne présente plus. Il réussit avec "Les chemins noirs" la pirouette tout en contraste de faire de sa traversée de la France du Mercantour au Cotentin à la fois une fuite et une quête.

J'ai fui mon quotidien à ses côtés dans un élan d'admiration et de convoitise. J'ai savouré les mûres des haies, les figues des chemins et les noisettes des sentiers ; j'ai dormi à la belle étoile - expérience que j'ai réalisée une seule fois jusqu'à présent et quel souvenir inoubliable !

Dans le propos du randonneur solitaire (parfois rejoint par un comparse le temps de quelques lieues) on découvre une analyse réaliste à tendance acide de la politique d'aménagement du territoire, un regard sans concessions et une volonté de ne pas absoudre les péchés de bétonisation et d'exode rural.

Mais ce que je retiendrai surtout, c'est la poésie profondément belle, amoureusement sincère et tendrement familière qui sert de cordon ombilical entre le marcheur et la terre foulée. Une terre personnifiée, aux paysages tour à tour accueillants et hostiles, mais une terre ferme et fidèle sous le pied et le bâton.