Dans un souffle...
Syngué Sabour c'est la voix d'une femme, où plutôt même des femmes. Elle qui n'à pas de nom, mais qui s'autorise pour la première fois à parler pourrait être n'importe laquelle de ces femmes, prises...
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le 3 déc. 2014
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"Syngué sabour", roman de Atiq RAHIMI est un livre où la densité du propos se partage la vedette avec la fluidité d'écriture et la poésie qui se dégage de cette allégorique. Dans un huis clos révélant à la fois l'absurdité de la guerre et le besoin de paroles dans le couple, l'auteur lève un coin de voile sur la vie d'une femme afghane dont nous ne saurons jamais le nom. Car c'est la femme, toutes les femmes qu'il convient d'entendre, d'écouter à travers elle. Chacun des personnages n'est, par ailleurs, nommé que par sa fonction: la femme, l'homme, le mollah, la voisine... Il s'agit d'un focus sur la condition humaine au sein d'un couple, dans le Moyen-Orient en guerre. Mais n'est-ce que cela?
La femme, donc, veille sur son mari dans le coma. Ces yeux qu'il ne peut plus fermer, elle les lui garde humides mais elle ne sait s'il entend, pense, ressent, réfléchit encore. Le corps de l'homme est là, celui de la femme est las. Son coeur l'est encore plus. Alors elle dit tout à l'homme: l'amour tronqué, les paroles retenues, les trahisons familiales, la difficulté de vivre et surtout... ce silence contraint qui, durant tant d'années, l'a obligée à ne pas être autre chose que ce que l'homme voulait!
Alors la femme parle, parle et parle encore. L'homme doit être, pour elle, cette pierre de patience, cette syngué sabour à qui elle dit tout ce qu'elle a sur le coeur et qu'elle ne peut révéler aux autres. Et la pierre de patience ne peut que tout absorber ... jusqu'à ce qu'elle éclate et libère la femme de la souffrance qui est la sienne.
Et moi, lecteur, je me laisse imprégner. Je bois ces paroles. Je m'interroge. Suis-je capable d'entendre et d'écouter?
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Prix Goncourt (Lus et critiqués par frconstant)
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le 7 oct. 2015
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