"It takes two people to make you, and one people to die." !!!


It takes two people to make you, and one people to die. That's how the
world is going to end.



C'est l'histoire d'une famille pauvre de paysans du Sud, cinq enfants, un père, une mère. Cette dernière vient de rendre l'âme. Le père, pour respecter une promesse faite à son épouse, va transporter en compagnie de ses enfants le corps de la défunte en charrette à Jefferson, où est son caveau familial ; et qui est à une bonne petite distance. En chemin, ils vont rencontrer l'eau, le feu, les vautours tournant au-dessus du cercueil, la délicieuse odeur de la putréfaction, et plein d'autres choses tout aussi agréables...


Quand on lit un roman de William Faulkner, il ne faut jamais s'attendre à une oeuvre conventionnelle. Dans le contenu, ce que l'on devine très aisément avant de lire cette histoire pour le moins insolite, mais aussi dans la forme. Une succession de chapitres, très courts, parfois même de seulement une seule phrase, adoptant chacun le point de vue d'un personnage. Ainsi on va avoir une suite de monologues intérieurs d'une dizaine de personnages différents. Certains vont partager leurs pensées juste le temps d'un chapitre, d'autres sur plusieurs. Les blancs à la lecture d'un chapitre seront comblés à la lecture d'un des suivants.


L'exercice de style est intéressant, mais jusqu'au milieu du roman on se demande la raison d'être du contenu et de son lien avec cette forme narrative peu commune. Et puis, un chapitre à ce moment du livre répond d'une manière cynique à cette question.


Cette réponse est évidemment dans le chapitre du point de vue de la morte, où on apprend tout le mépris qu'elle éprouvait par son époux et ses enfants, excepté un peu un, mais qu'elle a eu d'un autre homme. Et on comprend qu'une des grandes raisons qui l'a poussée à demander ce serment est celle de bien faire chier sa famille d'une manière posthume ; et pour cela, ça va être un sans faute.


On se doutait bien à certains indices jusqu'ici, notamment le fait que le père en dehors de son serment soit juste obsédé par l'acquisition d'un dentier, que ce n'était pas un drame, au contraire de la plupart des autres romans de l'auteur. Mais à partir de ce chapitre, on est complètement sûr qu'on est en train de lire une tragi-comédie, une "odyssée" où la bouffonnerie cohabite à la perfection avec la cruauté. A partir de ce chapitre, on comprend le pourquoi de cette histoire, de cette forme narrative, en résumé, de sa raison d'être.


Bref Tandis que j'agonise est une oeuvre profondément originale, surprenante et d'une richesse infinie. C'est aussi une nouvelle preuve que le Prix de Nobel de Littérature 1949 était un géant de la littérature.

Plume231
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le 21 août 2017

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