Anesthésie Spatiale
Peut-on partir avec un avantage si l'on décide d'aller voir l'adaptation d'une œuvre matrice dans la littérature ? Oui, en ne l'ayant pas lue. Il n'est pas toujours aisé de jongler entre...
Par
le 15 sept. 2021
66 j'aime
8
Alors que Darktown partait sur le cadre traditionnel d'un meurtre à élucider, ce deuxième opus dégaine trois axes à priori distincts mais qui vont irrémédiablement se rejoindre (l'ombre d'un James Ellroy plane). Temps noirs a largement de quoi faire, il est cependant hors de question de niaiser. Thomas Mullen affine le style, dispose les éléments sous les yeux de son lecteur pour que la fresque prenne tout son sens au cours d'un dernier acte à se ronger les sangs. À mon sens, cette deuxième plongée à mi-chemin entre le témoignage d'époque et le pur thriller social est supérieure à la première, car l'écrivain ne garde aucune carte dans sa manche. Ce qui ne l'empêche pas d'offrir plusieurs rebondissements inattendus, mais le lecteur a toutes les informations pour échafauder des théories. On en sait autant que les personnages voire plus, puisqu'on mesure les liens entre leurs enquêtes, bien qu'elles ne ne soient pas coordonnées. Il est facile de se prendre au jeu de pistes, puisqu'on passe assez de temps avec chacun pour comprendre les tenants et aboutissants. Sans compter que ce temps permet également de créer (ou renforcer) l'affection pour chacun des héros. Sans parler de quelques personnages secondaires (Julie, McInnis, Jeremiah) dont les rôles seront décisifs.
Abordant frontalement la question des groupuscules suprémacistes, Mullen en déroule le mode opératoire, qui va de la violence pure aux méthodes les plus insidieuses, camouflées sous le masque hypocrite de l'amabilité ou du voisinage. En parallèle, l'auteur dresse un constat acerbe des tensions pouvant s'instaurer entre noirs sur des questions de classe sociale ou de paroisse. Sans être alourdi par un pathos déplacé, le propos creuse les pistes labourées dans Darktown. Enfin, Temps noirs amène doucement ses personnages vers un point de rupture, rabattant les cartes pour un troisième acte qui aura la lourde tâche de faire aussi bien.
Créée
le 29 oct. 2021
Critique lue 120 fois
1 j'aime
Du même critique
Peut-on partir avec un avantage si l'on décide d'aller voir l'adaptation d'une œuvre matrice dans la littérature ? Oui, en ne l'ayant pas lue. Il n'est pas toujours aisé de jongler entre...
Par
le 15 sept. 2021
66 j'aime
8
Dur d'échapper à son rôle phare. Propulsée sur le devant de la scène avec le rôle d'Amy dans le d'ores et déjà classique Gone Girl réalisé par David Fincher, l'actrice Rosamund Pike n'a pas ménagé...
Par
le 20 févr. 2021
60 j'aime
Huit mois, ça peut être un vrai obstacle à la compréhension à l'ère du streaming et du binge-watching. Tout spécialement si vous vous lancez dans la suite d'un film pas très fameux, et que cette...
Par
le 13 déc. 2023
48 j'aime
7