"The glass palace" est la fresque historique d'un auteur ambitieux : raconter l'épopée de l'Inde et de la Birmanie, de la colonisation anglaise jusqu'à Aung San Suu Ki, à travers trois générations d'une même famille.
Gardez vous donc un peu de temps pour le lire, vous en aurez besoin.
C'est un livre riche, dense, tant dans le rythme que dans l'écriture, assez littéraire et pointue (c'est grâce à Amitav Gosh que j'ai investi dans la version iPhone du dictionnaire Collins, qui fut mon meilleur ami pendant 3 semaines), et j'ai trouvé qu'il était assez difficile de rentrer dans le roman.
Beaucoup de mots indiens non traduits, souvent spécifiques à des castes, des attributions sociales voire des termes d'architecture ("ayah", "basti", "devi", "pah" et j'en passe...), ont contribué à me freiner dans ma lecture et à la rendre moins fluide.
Mais une fois ces obstacles dépassés, j'ai pris du plaisir à suivre le destin de ces personnages et à mieux connaître l'histoire du royaume birman déchu.
Certains chapitres m'ont pourtant moins plu, on perçoit trop les ficelles qu'Amitav Gosh met en place pour amener son propos. Les personnages ne sont parfois que des prétextes à brosser le panorama historique du pays, ils ne sont pas suffisamment incarnés, on les suit de façon superficielle, il est impossible de s'identifier à eux, d'être empathique. Les ellipses sont de rigueur, étant donné qu'il faut raconter près de 150 ans sur 500 pages. J'en prends pour exemple un mari qui apprend que sa femme le quitte, et qui se suicide la page d'après. Les raccourcis nuisent parfois à l'immersion dans la lecture, on comprend trop la nécessité de l'auteur d'avancer pour en arriver au fait, ils nous font prendre un recul forcé par rapport au livre, comme si nous étions en train de regarder une pièce de théâtre des coulisses.
J'ai préféré la dernière partie du roman, lorsque l'on est plus familiarisé avec les protagonistes, et que ceux-ci ont pour la plupart vu leur destin ravagé par la guerre (la souffrance me les aurait rendus plus humains et attachants ?). C'est aussi sans doute parce que l'on arrive dans un monde que l'on connaît mieux, dans lequel on a plus de repères historiques et sociologiques.
C'est un roman plutôt agréable, à mettre de côté lorsque l'on est prêt à consacrer du temps à sa lecture, et que l'on souhaite s'intéresser au rôle ambigu de la colonisation anglaise en Inde.
Isla
6
Écrit par

Créée

le 28 oct. 2011

Critique lue 143 fois

Isla

Écrit par

Critique lue 143 fois

Du même critique

Quartier lointain
Isla
9

A la recherche du Japon perdu

Difficile d'être objectif et d'avoir du recul lorsqu'on a beaucoup entendu parler d'un livre avant de le lire. Je savais avant d'entamer la lecture que c'était une excellente BD et me doutais que je...

Par

le 26 juin 2011

11 j'aime

7

Chroniques birmanes
Isla
6

Déception birmane chronique ?

Après "Shenzhen" et "Pyongyang", "Chroniques birmanes" est le troisième carnet de bord que publie Guy Delisle, dessinateur nomade originaire du Québec. Ayant particulièrement aimé les deux premiers...

Par

le 6 janv. 2012

11 j'aime

7

Les Falsificateurs
Isla
5

"Les falsificateurs" et "Les éclaireurs" : Les esbroufeurs

Belle idée que celle qui sert de trame aux deux romans d'Antoine Bello « Les falsificateurs » et « Les éclaireurs » : une organisation secrète internationale nommée le CFR (Consortium de...

Par

le 3 juil. 2011

8 j'aime

2