E-sport et badasserie au pays de Mao

J'ai découvert The King's Avatar par l'anime éponyme. Bien que d'une réalisation inférieure aux animes japonais, j'ai beaucoup aimé l'univers et encore plus le héros. (#fangirling)
Comme à mon habitude, je suis remonté aux sources et je me suis attelé au LN, qui est un de mes grands coups de coeur ! (depuis j'ai un T-shirt Glory et des posters de Ye Qiu dans ma chambre)

Quand Adam se fait sortir de l'Eden
Durant ce qui ressemble fort à un XXIe siècle tout à fait classique, le MMO Glory a pris une dimension planétaire. Fort de plusieurs dizaines de millions d'abonnés (pour les novices, World of Warcraft lors de sa gloire dépassait avec peine les 12M d'abonnés), ce jeu extrêmement exigeant s'est imposé comme LA référence en Chine depuis 10 ans. Sa scène compétitive s'est professionnalisée et à la manière du football en France, une ligue, l'Alliance, regroupe 20 équipes qui s'affrontent annuellement. Il y a des transferts de joueurs et de personnages (ça reste un MMO), des entrées/sorties de nouvelles équipes/joueurs. Très médiatisés, ses joueurs sont de véritables stars.

Dans ce petit monde où il faut jouer des coudes pour se faire un nom (je parle toujours de Glory et non de la scène politique française), Ye Qiu est un joueur aussi emblématique que mystérieux. Dominant la scène professionnelle à ses débuts (de l'Alliance, pas de lui, il a même vu naître la ligue), il reste un des meilleurs joueurs. Capitaine de l'équipe Excellent Era (traduction anglaise), il contrôle le même personnage depuis toujours, One Autumn Leaf, une rareté dans l'Alliance actuelle.

Le LN commence lors de l'éviction forcée de ce monument. Accusé d'être responsable des mauvais résultats de son équipe, son personnage lui est retiré. Tout déprimé qu'il est (en plus il neige, il fait froid, il n'a qu'un slip de rechange et il y a un mec triste qui joue du blues sur son passage), Ye Qiu échoue dans un Cybercafé. A partir d'ici, de zéro, il crée un nouveau personnage... un peu particulier. Son objectif : reconquérir l'Alliance, en dépit de tous les obstacles que ses anciens ennemis lui enverront.

Un homme comme on n'en fait plus
The King's Avatar est avant tout l'histoire d'un héros, un vrai. Autant les japonais aiment les héros un peu bêtes mais bossant comme des acharnés pour devenirplusfortafindedéfendremesamis. Autant les Chinois semblent aimer les héros doués et plus discrets.Talentueux, volontaire, il est armé de son expérience. Il rencontrera des difficultés mais globalement, il réussira à les surmonter. Ce n'est pas un spoil, c'est l'essence même de ce héros. Si vous aimez les héros qui en bavent, qui se font torturer par la vie, vous serez déçus. Attention, il est loin du Paladin défendant la Vertu et ça en fait quelqu'un d'accessible. Son périple sera également loin d'une promenade de santé prévisible. Par contre, vous vous demanderez comment il va réussir plutôt que s'il va réussir. Personnellement, j'aime beaucoup suivre un héros qui écrase les méchants vilains de façon imaginative et qui est franchement impressionnant.

Après Foot+, Glory+
Ce roman est aussi une fenêtre intéressante sur l'e-sport. Nous découvrirons les difficultés des joueurs pro, leurs entrainements, l'organisation des clubs.
Attention, tout tourne autour d'un MMO. Beaucoup de passages seront "techniques" : world boss, compétences, niveaux requis, équipement orange, classe de personnages, etc... si ces termes ne vous sont pas familiers, je ne pense pas que ce roman soit fait pour vous. Si toutefois vous souhaitez le lire, allez de ce pas prendre un abonnement à WoW et arrêtez de faire l'enfant !
En revanche, en tant que connaisseur, j'ai apprécié ce détail dans les mécanismes de jeu et des combats.

Ni pu_es, ni soumises
L'histoire alterne entre le in-game et l'IRL. Les personnages montent en niveau, découvre des zones, des donjons, des nouveaux défis. Les joueurs évoluent dans leur vie, s'améiorent, s'entrainent, changent d'équipes, etc... C'est assez dynamique et cette alternance permet de ne pas s'ennuyer dans un seul "univers".
Ici, pas de harem, pas de chichi, pas de rougissements ridicules, pas de pouvoir des amis. Les femmes ne sont pas des potiches un peu nulles ne demandant qu'à être sauvées. Honnêtement, c'est #metoo-conforme et ça apporte un peu de fraicheur dans toute cette niaiserie sexiste japonaise.

Les 4 Fantastiques en plus nombreux
Certains personnages rencontrés sont des petites merveilles (mention spéciale à Steamed Bun Invasion et Wei Chen). On sent que l'auteur les a travaillé et les intègre réellement dans l'histoire, pas seulement en tant que faire-valoir. L'un est agressif comme un pitbull et le devient de plus en plus si son adversaire est meilleur. L'autre raisonne de façon tellement surprenante qu'il en déstabilise ses adversaires et énerve le reste (s'il ne fait pas les deux directement). Un autre est un vieux jouer complètement retord et n'hésite pas à casser le moral des autres par des moyens détournés. Les personnages ont des caractères propres sans tomber dans la caricature facile. Leurs intérractions n'en sont que plus plaisantes !

Mais alors, pourquoi ne pas mettre 10 directement ? J'ai déjà des chaussettes One Autumn Leaf, il n'y a donc plus qu'un pas à franchir ! Parce que je suis aigri et je ne mettrai jamais 10, voilà pourquoi !
Plus sérieusement, je trouve le style d'écriture très simple. C'en est très facile à lire en anglais mais du coup un peu dommage. Egalement, ce type de héros peut ne pas plaire.
Mais de mon point de vue seulement, oui, on s'approche dangereusement d'un 10/10...