Une lecture bouleversante.


Lorsque le frère de l'auteur se suicide en 2005, Camille de Toledo, porté dans ce récit autobiographique par la voix du personnage de Thésée, se retrouve seul de la "lignée des hommes qui meurent".
Pour oublier les drames de son passé, Thésée décide de fuir vers l'Est, vers une vie nouvelle.
Seulement, il est en souffrance. Son esprit veut oublier mais son corps se souvient... Il se délite, il a mal aux tempes, il peine à tenir debout, comme si la mort qui avait enlevé ses parents et son frère aîné le destinait à quitter ce monde bientôt. Mais il tient.
Thésée doit patienter, il doit creuser au plus profond de lui pour comprendre les souffrances physiques de ce corps mémoire. Les médicaments ou différentes sciences occultes essayées ne lui seront d'aucune aide car il doit tirer le fil du labyrinthe pour retrouver son identité et sa vérité, pour comprendre qui sont les hommes de sa lignée, qui sont ses ancêtres.


On pense évidemment au mythe de Thésée avec le Minotaure et le labyrinthe, et c'est d'une justesse sans pareil car c'est une véritable aventure pour le héros. A ce détail près: dans le mythe originel, il s'agit d'Ariane qui donne le fil à Thésée pour retrouver son chemin, il est aidé. Dans notre histoire, et Camille de Toledo le dit bien, Thésée est un moderne, il doit affronter seul ses souvenirs et sa vie, et en moderne, il pense que tout peut s'expliquer... Il devra admettre que bien des réalités relèvent du domaine de l'indicible et surtout de l'insaisissable. Parfois le fil est rompu et l'on se perd...


L'écriture souple et pure de Camille de Toledo me laisse à penser qu'il a écrit son livre comme dans un souffle, dans une continuité. La lecture que j'en faisais dans ma tête était très originale, les mots comme chaloupés entre une inspiration et une expiration: on y retrouve vraiment l'introspection et le caractère méditatif de l'auteur.


J'achève ce livre avec l'impression que Camille de Toledo a su nous livrer avec une simplicité et une sincérité poignantes le récit de sa vie qui est paradoxalement un entrelacement d'épisodes plus ou moins brumeux.

LorèneFraysse
7
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le 5 janv. 2021

Critique lue 269 fois

Lorène Fraysse

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