Une pièce très rarement jouée, pourquoi?

The Life of Tymon of Athens, cette pièce a été écrite vraisemblablement en 1606, quand Shakespeare travaillait aussi le Roi Lear et Coriolan. Cela peut être une explication aux ruptures de style, de qualité que l’on y trouve - uniquement dans les scènes secondaires, dans ces parties qui sont uniquement destinées à détendre le public, ces parties que les spectateurs appréciaient et qui sont souvent d’une grande finesse comique.

Peu importe que cette pièce ait été écrite par deux auteurs – beaucoup parlent de Middelton – ou que par excès de travail, William ait bâclé certaines parties.

Peu importe, la pièce est là, et on y trouve ce qui montait progressivement depuis des années dans ses pièces, une grande méfiance doublée d’une ironie très dure envers le genre humain. Méfiance toujours contrebalancée par – quelque part – un amour sincère...

Dans Lear c’est l’amour filial, ici c’est l’amitié sociale.

Par delà ces considérations, restent les jeux avec les mots, quelquefois difficiles à déchiffrer pour nous quatre siècles plus tard, ainsi le fou:

“She’s e’en setting on water to scald such chickens as you are. Would we could see you at Corinth!”

traduction généralement acceptée

Elle est en train de mettre de l’eau pour ébouillanter des poulets comme vous. Si seulement on pouvait vous voir à Corinthe !

Qu’est-ce que Corinthe vient faire ici? Il convient donc de chercher un peu, et l’on apprend que Corinth est un mot d’argot qui désigne un bordel...La phrase devient alors, “Si seulement on pouvait vous voir au Corinth !”

On y apprend ce nouveau mot,

on y apprend aussi une coutume – peu reluisante:

“Will lug your priests and servants from your sides,

Pluck stout men’s pillows from below their heads. “

Je tirerai vos prêtres et vos serviteurs de vos côtés,

Arrachez les oreillers des hommes robustes situés sous leur tête.

Un usage des temps anciens consistait à accélérer la mort des malades en leur retirant brusquement leur oreiller.

On comprend dés lors, cette haine des hommes en général, toujours contrebalancée par un seul être – ici c’est Flavius l’intendant de Timon:

“How fain would I have hated all mankind,

And thou redeem’st thyself. But all, save thee,

I fell with curses. “

Comme j'aurais voulu haïr toute l'humanité mais toi tu te rachètes.Mais tous, sauf toi,

je les maudis ! 

Une pièce très rarement jouée,

pourquoi?