Bien qu'ayant été publié en Nouveaux Millénaires - une collection de J'ai Lu destinée à la SFFF adulte, ce (premier) roman de Charlie Jane Anders n'aurait pas déparé dans une collection ados et /ou Young Adult. Ce qui n'est pas une critique négative, notez bien, mais la tonalité du texte pourra étonner voire désarçonner ceux qui suivent la collection. Si tant est que " des lecteurs qui suivent une collection ", ça existe encore. Bref.
Tous les oiseaux du ciel doit bien être un roman formidable puisqu'il est estampillé Meilleur roman Nebula (2016) et Meilleur roman de Fantasy Locus (2017). Pour ma part, j'ai certes passé un très bon moment de lecture, mais le texte ne m'a jamais paru mériter une distinction aussi prestigieuse qu'un Nebula ou qu'un Locus.
On est en présence d'une classique histoire d'amour d'enfance contrarié, fonctionnant sur un antagonisme tout aussi classique : d'un côté la fille adepte de la magie, de l'autre le garçon techno-geek, tous deux des cadors dans leurs domaines, bien sûr. Une première partie s'attarde sur leur enfance, leur rencontre, et leur éprouvante scolarité, tant ces deux-là sont ostracisés, mis à l'index et harcelés par les autres élèves et des parents obtus. Première partie initiatique, volontairement racontée à hauteur d'enfant, pleine de poésie et de brutalité, de solidarité et d'injustice, d'amitié et de haines, c'est la meilleure part du livre, là où sont peints avec justesse les drames enfantins comme ont su le faire un Spielberg ou un Mark Twain, voire un Stephen King période Carrie/Charlie.


La deuxième partie retrouve Patricia et Laurence rentrés tout juste dans l'âge adulte. Le contexte d'arrière-plan - catastrophes climatiques, environnementales, politiques et sociales devient le décor de blockbuster dans lequel nos deux tourtereaux vont expérimenter, comme beaucoup l'on fait avant eux, que leurs grands pouvoirs exigent d'eux de grandes responsabilités, et des sacrifices. Malentendus, complots, passions, épreuves, trahisons, sortilèges et méga-machines infernales, suspens... Toutes les cases du cahier des charges du récit chauffé à blanc sont cochées, c'est très bien mené, et dosé et calibré, il faut le reconnaître... Ce qui sépare ma satisfaction un peu molle d'un enthousiasme franc, c'est sans doute mon état de vieux con : j'ai déjà vu et lu ça plein de fois, en plus intense, émouvant, original. Un lecteur moins désabusé - autant le dire : plus jeune, plus frais, y trouvera sans aucun doute un plaisir supérieur au mien. A juste titre, je le répète ; Charlie Jane Anders possède une plume sensible, alerte, juvénile et sincère (très bien servie par la traduction), des préoccupations très recommandables et un vrai sens de la narration.

louiscanard
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le 18 déc. 2018

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