Ma rencontre avec ce livre a été le fruit du hasard et a bien failli être sans lendemain. C’est en effet de manière tout à fait fortuite que je me suis retrouvé à écouter Alexandre Postel présenter son roman lors de la dernière édition de Livres dans la boucle : arrivé très en avance à une conférence – très mauvaise appréhension du temps –, j’ai pu assister à celle qui précédait et où intervenait donc, entre autres, Alexandre Postel. Et cela aurait pu en rester à ce stade étant donné que, le temps que j’assiste à la conférence suivante, l’auteur colombiens (avec un « s » pour éviter qu’il se retrouve en Amérique du Sud) avait quitté le festival et je n’ai par conséquent pas été en mesure de le rencontrer à sa table afin d’acquérir et de me faire dédicacer son roman. Mais c’était sans compter sur une amie qui, présente à la conférence à mes côtés et tout autant que moi désireuse de lire ce livre, l’a acheté quelques semaines après notre escapade bisontine et me l’a prêté aussitôt lu.
J’ai donc finalement pu lire « Tout ouïe » et j’ai adoré ce bouquin – les contingences de la vie sont parfois très heureuses. La concupiscence baroque, mais délicieuse, du sujet m’a tout de suite embarqué. Comme tout le monde, je suis concupiscent (comment ça, plus que la moyenne ?), et comme tout homme désireux d’apporter de la joie autour de lui, très porté sur le plaisir féminin. La paraphilie de Victor Chantelouve, le personnage principal du livre dans le livre qui n’aime rien tant que les effusions sonore du plaisir féminin, ne m’a donc pas mis mal à l’aise, bien au contraire – la fiction nous permet tant de choses !
D’ailleurs, même si elle n’est pas nouvelle, j’ai beaucoup aimé cette idée de livre dans le livre. Je trouve le procédé plus développée ici qu’à l’accoutumée, puisque le livre dans le livre est très dense et, surtout, complet. Et surtout j’ai adoré l’écriture d’Alexandre Postel ; une écriture exigeante tout en étant fluide ; une écriture qualitative sans être pompeuse. Et ce roman comporte par ailleurs des réflexions interessantes sur la création littéraire et la frontière parfois tenue entre fiction et réalité.
En résumé, « Tout ouïe » est un livre singulier mais captivant.