Bouleversant, l'accompagnement jusqu'à l'épuisement de son amie Pauline, atteinte d'un cancer. Presque jusqu'à la mort, oui, à la fin elle veut que ça finisse, elle n'en peut plus, et R.W. ne cache rien de ce désir que ça s'arrête, cet effroi de voir l'autre se transformer, se déliter tandis que l'autre s'accroche à la vie, à toi, comme une noyée désespérée. Et puis il y a l'après, le long chemin solitaire du deuil, refaire surface, trier, faire des listes. Elle a une sacrée santé la nana ! Elle n'hésite pas à expérimenter tout ce qu'il y a sur le marché pour retrouver la boussole, le zen, zazen, qigong, méditations, sans parler de toutes les substances chimiques prescrites ou non. Les descriptions des expériences chamaniques sont carrément impressionnantes même si elle décrit plus les préparations et désintoxications préliminaires que le voyage après la traversée du tunnel. Pas étonnant que les nerfs lâchent, témoin cette scène ahurissante où elle menace sa nouvelle copine avec un couteau de cuisine. On est au bord du féminicide. Ça fait froid dans le dos même si, raconté par elle, Rebeka, on "comprend", enfin, façon de parler. Au fond ce récit se lit comme un cri avec ses parties racontées et ses inserts de journal intime, ses confessions et ses citations de lectures boulimiques pour essayer de comprendre l'incompréhensible, d'accepter l'inacceptable, la perte de l'autre, de soi, comment traverser le deuil, la mort, la difficulté de mourir, la difficulté de vivre. Elle apprend des langues, va flirter au-delà des repères connus, des frontières pour savoir, pour refaire surface. Quelle énergie ! On dirait une chatte qui consume ses vies et finit toujours par retomber sur ses pattes. Fascinant.