Comme j’aime l’ordre, il est logique qu’il me tienne à cœur de respecter la chronologie des œuvres.

Pour la littérature, le berceau se situe du côté d’Homère, j’ai donc lu L’Illiade et L’Odyssée en premier lorsque j’ai voulu commencer mon éducation littéraire loin des salles de classe. Idée pas terrible parce que ces deux livres requièrent énormément de références mythologiques pour être compris, et c’est là qu’on se rend compte qu’il aurait fallu lire Hésiode en amont mais bref, ce n’est pas le sujet.

Les trois grands tragédiens grecs constituent la suite logique de cette chronologie, Eschyle, Sophocle et Euripide, dans cet ordre. Leurs tragédies aussi demandent un capital culturel mythologique conséquent, on remercie donc nos lectures précédentes, véritables lanternes permettant d’éclairer un univers tout de même difficile d’accès.

Les tragédies d’Euripide marquent un tournant avec celles de ses prédécesseurs par rapport à l’importance qu’il met à développer la psychologie de ses personnages, les rendant plus humains, en proie à des tourments moins visibles chez Eschyle et Sophocle.

L’importance qu’il donne à la colère de Médée, étayée par ses monologues, les chœurs et le coryphée, est un exemple. C’est chez Euripide que j’ai découvert ce mythe, et j’en reste encore tout chamboulé, je me souviens encore de l’endroit exact où je le lisais, frappé par la fuite de la magicienne sur son char aérien.
Avec Médée, Euripide nous livre les tourments humains d’une femme qui souffre, ce qui était inouï pour l’époque.

Le tourment silencieux d’Admète et la dévotion d’Alceste m’ont aussi marqué. Admète a reçu par Apollon l’immortalité, mais à chaque fois que vient le moment de sa mort, il doit trouver quelqu’un qui accepte de se rendre aux Enfers à sa place. Tout le monde refuse sauf Alceste, sa femme. C’est cruel, aucun des deux ne veut que ça se produise, mais ils doivent se soumettre aux dieux. La promesse de fidélité d’Admète envers sa femme est le dernier sentiment humain qu’ils réussissent à conserver au milieu de toutes ces intrigues divines. On a là bien des personnages aux sentiments humains qui sont frappés par des puissances déifiques qui les surpassent totalement.

Les autres pièces sont également intéressantes, mais m’ont moins marqué.

En insistant sur l’aspect ordinaire des personnages, la démarche d’Euripide permit au public de se sentir plus proche des acteurs et de leurs avatars. Ainsi fut le premier pas vers un horizon encore lointain : le réalisme.

Ubuesque_jarapaf
8

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le 3 mai 2023

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