Méthode spinoziste

Traité de l'amendement de l'intellect, ou, plus souvent en français : Traité de la Réforme de l'entendement est la réponse de Spinoza au Discours de la Méthode de Descartes.

De la même manière que Descartes, Spinoza montre la nécessité de bien conduire sa raison pour parvenir notamment au bonheur. Si ce dernier est en effet corrélé à notre conduite et à notre compréhension du monde, il devient nécessaire de bien savoir utiliser son esprit, notamment afin de ne rien attendre qui ne nous arrivera jamais, et de savoir comment attendre ce que l'on est en droit d'espérer.

Seulement, Spinoza reproche à Descartes une méthode peu inspirée. Comment partir du doute pour remonter la chaîne des idées ? Si l'on part du doute, c'est qu'on ignore ce qui est vrai ! Comment alors être certain que la vérité que je choisis comme premier maillon en est bien une, de vérité ? Serait-ce que Descartes a déjà une idée de la vérité ? S'il en a une, comment l'a-t-il obtenue ? Et quel intérêt d'une méthode alors ?

D'où l'intérêt de la méthode spinoziste. Il faut partir d'une vérité, celle que nous possédons tous : celle selon laquelle Dieu (ou la nature, toujours, chez Spinoza) existe. Et de cette vérité, qu'on polira par une volonté tenace de toujours tout définir, on rattachera l'ensemble des autres, avec le même soin définitionnel afin d'éviter les malentendus, les ajouts passionnels, les conflits inutiles, les interprétations hasardeuses et conflictuelles, etc.

C'est cela, la méthode de Spinoza, et c'est déjà celle déployée dans l'Ethique : partir d'une définition rationnelle de Dieu, pour comprendre que l'univers n'est rien de plus que cette définition - c'est-à-dire cette nécessité infinie dépourvue de jugement et d'intention. Comprendre alors que tout en découle par pure nécessité (les événements, nous-mêmes, nos sentiments, les autres, etc.), et apprendre à aimer Dieu, c'est-à-dire cette nécessité dans laquelle nous vivons.