« Des femmes difficiles, complexes, en colère, avec des natures secrètes et imprévisibles. […] De quoi parlent ces histoires ? De honte et d’humiliation, de fierté et d’obstination, et du besoin vital d’avoir le sens de l’humour. » Dans ces nouvelles Dorothy Allison raconte son histoire de « cassos blanche et pauvre ». Le titre colle au sujet, c’est trash, malsain, sordide, glauque, cradingue. C’est sa jeunesse d’enfant battue dans une famille alcoolique et incestueuse mais aussi son amour incommensurable pour sa mère, son émancipation par l’éducation, son initiation à la sexualité lesbienne, sa vie de jeune adulte et ses nombreuses conquêtes.
Le recueil date de 1989. Allison, décédée en novembre 2024, avait alors 40 ans. L’âge de l’introspection, de la maturité et du besoin de cracher à la gueule de ce passé qu’elle ne reniera jamais malgré les douleurs. Violée par son beau père entre 5 et 13 ans, grandissant au milieu de cousines constamment enceintes et de cousins voleurs de voitures et vendeurs de drogue. Un environnement toxique dont elle parviendra à s’extraire et avec lequel elle finira par faire la paix, après des décennies de haine et de mépris pour sa famille de déchets. C’est drôle, sinistre, féroce, sans fard mais aussi d’un humour noir ravageur. Chacun en prend pour son grade, y compris elle-même. L’autodérision évite à ce récit de transfuge de classe de sombrer dans un pathos dégoulinant où seule la rancœur et la haine surnagent. Prends-en de la graine Edouard Louis !