Yves RAVEY ne manque pas d'audace. En 2017, il ose publier un roman s'intitulant 'Trois jours chez ma tante' et briguer d'être retenu par le jury du Goncourt 2017 (Il est retenu, début septembre parmi les quinze titres encore en lice). Pourtant, avec un titre à peine différent, 'Trois jours chez ma mère' (signé WEYERGANS en 2005) avait déjà décroché le Goncourt convoité mais s'est révélé être un roman qui, le plus souvent ensuite, a été lourdement sanctionné par les critiques, la cote moyenne n'atteignant pas 5/10 !


Est-ce donc de la provocation chez RAVEY que cette similitude de titre pour son roman ? Du minimalisme, plutôt. RAVEY en est un adepte de bon aloi. Quand il raconte, il raconte de manière séquentielle. La structure de son récit est une suite de petites phrases, sans enrobage particulier qui présentent la succession des faits et des paroles dites sans prétendre vouloir construire autre chose qu'un récit linéaire. Son vocabulaire semble basique et l'auteur ne cherche pas à cultiver les 'effets rhétoriques' d'un ténor du récit, pas plus qu'il ne semble vouloir complexifier son récit pour dissoudre le fin fond des choses dans une structure complexe dans laquelle le lecteur serait bien en peine de cibler l'exacte vérité et de tout comprendre avant que l'auteur ne dévoile, en fin de course, 'le coupable et ses raisons'. Y a-t-il seulement un coupable ?


Ecriture minimaliste... Et c'est là l'excellence de l'auteur. Il ne pèche que par omission. Il dit, mais pas tout. Invite à croire, mais ne confirme ni n'infirme rien. Le lecteur se prend alors à aimer ses personnages, sympathiques ou crapuleux. Il s'intéresse aux bienfaits des uns, ne condamne pas les méfaits des autres ... A moins que ce ne soit l'inverse. En suivant RAVEY, tout peut arriver, on peut s'attendre à tout, sauf ce qui tombe en dernière page !
Minimaliste mais prodigieusement subtile. 'Trois jours chez ma tante' est une véritable mise en perspective d'un avenir sur fond d'abîme du passé, à vouloir tout gagner, ne pas trop perdre, juste s'en tirer.
Une image de la société ? Oui, probablement ! A l'honneur de l'être humain ? Pas sûr ! Quand être et avoir, tous deux auxiliaires de l'Homme, se mentent au quotidien, l'avenir est incertain !

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le 14 sept. 2017

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