Sous les pavés, la plage

Nathacha Appanah nous offre une courte fresque de cette île, qui parait tantôt paradisiaque, tantot un enfer. Ce petit bout de terre française coincé dans le canal du Mozambique est bien les 2 à la fois et cela se reflète dans chaque reflexion des personnages de ce roman à plusieurs voix.

Cette histoire racontée par plusieurs personnages constitue d'ailleurs un trait de force de cette histoire : ainsi les 2 Muzungu (traduit par "etranger "ce qui est inexact car en shimaoré Muzungu = blanc parlant la langue de Molière), le policier et l'educateur interviennent très peu mais c'est suffisant pour mettre en avant et comprendre leur point de vue, leur enthousiasme très vite supplanté par leur impuissance à oeuvrer pour l'amélioration du territoire.

Le titre met en avant la violence régnant sur l'ile, celle-ci émane très puissamment du récit, aussi forte que l'odeur des ylang-ylang qui ont donné le surnom d'ile aux parfums à Mayotte. Elle nous prend aux tripes mais Natacha Appanah réussit le tour de force de ne jamais l'évoquer de façon crue ou gore, c'est le plus souvent suggéré par bribes à recouper voir insufflé de façon onirique.

Connaissant très bien Mayotte pour y avoir vécu quelques années, je me suis retrouvé spectateur casi visuel de l'histoire : je visualise les différents itineraires que prennent Moïse et les autres protagonistes, des plages de petite terre et Kani keli à Kaweni, j'ai vu les anecdotes que narrent Marie, je me suis reconnu dans le discours de Stéphane sur les jeunes metropolitains, j'ai eu à faire aux organisations de gamins abandonné qui font leur loi...

C'est une histoire...mais tellement vraie...et c'est ce qui me navre