Lorsqu’un livre reprend pour titre l’hymne des Reds du FC Liverpool, on est déjà fixé sur son sujet. Si des biographies, plus ou moins légitimes, et des ouvrages techniques, en tous genres, pullulent, il faut constater qu’ils sont peu nombreux à aborder le football sous l’angle du roman et moins encore sous celui du thriller.
C’est que l’exercice n’est guère aisé. La première difficulté consistant, peut-être, à amener un amateur de foot à lire, la deuxième, à l’étonner afin qu’il n’abandonne prématurément l’ouvrage. Et c’est là que l’épreuve devient franchement périlleuse car quelle intrigue pourrait bien le tenir en haleine jusqu’à la fin ? Parcequ'il a tout vu, tout entendu, ce malheureux, lui qui a été tout au bout de ses désillusions ! Le rachat de son club par un oligarque russe ou un émir koweïtien, les matches truqués, les arbitres achetés, les paris clandestins, les agents véreux, les diagnostics médicaux convenus, les tirages au sort faussés, les petits arrangements entre les clubs les plus riches, chaque dérive n’étant qu’une tentacule de la pieuvre mafia, jusqu’aux exactions des plus hauts dirigeants du football mondial en passant par les tares et addictions diverses de leurs joueurs préférés.
Autant de sujets inutiles à traiter puisqu’en ce domaine, la réalité dépasse la fiction.
Restait alors à aborder un thème un peu moins connu : la préparation physique des joueurs qu’on revalorisera en : optimalisation scientifique des performances.
Encore que les amateurs éclairés ne pourront s’empêcher d’y voir une référence directe au Milan Lab, ce fameux centre médical du Milan AC, créé dans les années 2000, où chaque joueur devenait le cobaye de son propre corps. Développé avec l’appui de Microsoft, ce laboratoire gérait les nouvelles avancées de la biologie, l’informatique, la cybernétique et la psychologie. C’est là que les vétérans du football mondial venaient se refaire une seconde jeunesse, avec un insolant taux de réussite. (Depuis quelques saisons, l’affaire semble moins bien engagée…)
Restait à mettre tout cela en scène pour en faire quelque chose de plus ou moins cohérent.
Point de départ : rachat du stade de France par un milliardaire russe, disparitions suspectes de joueurs et d’un agent, tueurs à gages, soupçons sur l’identité réelle du repreneur, enquête financière sur ce dernier et enfin apparition d’une clinique où il se passe de drôles de choses.
Si la première mi-temps nous fait évoluer dans un monde sans surprise ou les auteurs ont, toutefois, le bon goût de nous épargner les lieux communs qui régissent le monde du football, la seconde mi-temps devient vite indigeste tant l’invraisemblance en devient le maître mot.
On sait le supporter moyen peu porté sur la chose littéraire et donc peu exigeant, mais tout de même ! A force de jouer les équilibristes entre la réalité et l’imaginaire, sans y apporter les nuances qu’exige le genre romanesque, les auteurs, en sombrant dans le sanguinolent et le gore, en fin de match, chutent dans le ridicule absolu et n’auront pas droit aux prolongations.
On ne sait si un arbitre invisible a sifflé prématurément la fin du match ou si les auteurs, essoufflés, avaient décidé d’écourter eux-mêmes leur récit, mais la fin, totalement bâclée, leur vaut tout simplement la carte rouge.
On a beau être journaliste, ne devient pas Stieg Larsson qui veut…

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le 23 mars 2016

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