Un roman simple et touchant
Nicolas Fargues a reçu le prix Télérama-France Culture 2011 pour "Tu verras" et en le lisant on se dit que c'est amplement mérité. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en commençant ce roman. J'en suis ressortie bouleversée.
Les quelques lignes de la quatrième de couverture laissent entrevoir une relation père/fils difficile, une relation ado/adulte faite de tension, de contradiction et d'amour mélés. Entre les lignes, on voit également pointé le regret. "Tu verras" est tout cela à la fois. Centrée sur le père de famille qui est ici le narrateur, l'histoire est celle d'un père et son fils. Un père qui veut le meilleur pour son gamin, qui souhaiterait le voir vivre une vie d'adulte épanoui, ouvert et cultivé mais qui va devoir faire face au cauchemard de tout parent: la perte d'un enfant.
La plume de Nicolas Fargues est superbe. Tout en retenue, il use de mots simples pour transmettre au lecteur des sentiments bruts. Il se dégage de ces pages une ambiance à la fois triste, douce et appaisante. On suit ce père dans l'acceptation du deuil, dans ses souvenirs de relation tantôt dure tantôt complice avec son fils. Ce gamin, pas encore un homme, qui aime son père mais souhaite s'affirmer en allant à l'encontre de ce qu'il prône. Un ado un peu rebelle, ancré dans son époque (MSN, Facebook, rap...) tout en restant un petit enfant aimant et attendrissant.
Ce père se repasse le film de la vie de son fils en posant un focus sur les petits moments du quotidien où à postériori il se trouve vieux-jeu, autoritaire, dur et lamentable. Pour une éducation qu'il voulait bonne, il est ainsi passé à côté de son fils si prématurément perdu. Maintenant il se retrouve seul et empli du regret de ne pas l'avoir assez aimé.
Avec "Tu verras", l'auteur nous emmène dans une litanie aux phrases longues qui nous berce, nous transporte et nous fait vivre un moment intense. Un très beau roman tout simplement.