La science fiction, malheureusement, ça vieillit mal. Un livre écrit dans les années 60, qui se projette dans les années 90, c'est vrai qu'on peut se poser la question.
Mais pas pour Ubik.
Dans ce livre, le futur est précis, sombre, on discerne dans chaque objet les travers de la société de consommation, l'abrutissement. Le héros, Joe, est si pitoyable qu'il semble réunir à lui seul tous les travers de cette époque qui ressemble finalement beaucoup à la nôtre. Perpétuellement fauché, il se retrouve même bloqué à l'intérieur de son appartement, faute de pouvoir payer la porte pour l'ouvrir. Désordoné, minable, il est à l'image de sa vie.
Mais tout ne se limite pas au niveau de la vie quotidienne. Les concepts qui nous sont les plus basiques sont entièrement chamboulés. Qu'est ce que la mort ? Comment la définir, lorsqu'il est possible de communiquer avec les décédés ? Et lorsque ceux-ci peuvent communiquer entre eux, s'influencer ?
Dans Ubik, tous nos repères disparaissent. Il faut se réapproprier un univers entier, y trouver ses marques, et en savourer le génie.