Ulysse
7.7
Ulysse

livre de James Joyce (1922)

Fini. Fini fini fini. Exaltation, bonheur, joie, désespoir, impassibilité, tout à la fois, je me sens bizarre, changée. Bon ça durera surement pas. En attendant je suis extatique.
Je sais pas trop ce que je vais écrire dans cette critique au vu des très beaux commentaires déjà faits au sujet de ce livre, mais comme il sera sans doute premier dans mon TOP 10 quand j'estimerais avoir une culture littéraire assez riche que pour le faire, je pense qu'il faut que je commente un peu ma lecture de ce chef-d'oeuvre.

C'est un livre effrayant. Les premiers tâtonnements de ma lecture furent lents, une vingtaine de pages par jour tout au plus. 1100 pages, c'est pas que c'est inédit mais bon quand même, d'autant plus que je suis facilement lassée et que j'ai du mal à finir un livre de 500 pages s'il n'est pas plus accrochant que ça. L'avantage, c'est les regards admiratifs que m'ont offerts les gens me surprenant dans ma lecture. Une admiration d'ailleurs pas justifiée mais bref, je m'éloigne.

Je n'ai jamais rien lu de pareil. A vrai dire, je n'ai rien compris ou du moins pas ce qu'il se racontait en surface. Il m'est arrivé de lire des passages, de lire encore, de réessayer, sans pouvoir comprendre quel était le message que James Joyce essayait de nous transmettre. Pourtant, à la fin de ma lecture, je crois être en mesure de dire qu'intimement, ce livre est rentré en moi tout comme je m'en nourrissait et que je l'ai intimement assimilé.

J'ai passé ces trois dernières semaines bercées par le doux rythme de mes cours, de mes entrevues avec un homme sans doute aussi intéressant que ce livre, et de ma lecture de l'Ulysse entre deux cigarettes. Il m'a fallu du temps pour me mettre dedans puis ma vitesse de lecture a monté crescendo ces derniers jours.
En fait, c'est étrange, je viens de le finir et je sais que ce livre sera à jamais associé pour moi à certains instants de ma vie. Rien de grandiose, des trucs insignifiants. Pourtant, sont gravées en moi ces images de moi lisant sous ma couverture, les vitres de ma chambre ouverte sur un temps gris et maussade, sur un vent déchirant faisant se mouvoir les longues branches d'un saule pleureur; moi dans un salon sur la côte belge, entourée par des relents de fumée et de chocolat chaud, mes amies jouant aux cartes sur la table d'à côté; moi dans un parc, le soir s'annonçant, en face d'un chêne aux feuilles teintées des couleurs d'automnes, rouges et jaunes, resplendissant; et d'autres souvenirs encore que je garderais pour moi pour pas vous ennuyer plus longtemps.

A condition de le vouloir, lire ce livre est facile, parce qu'il est d'une richesse exceptionnelle -et je pèse mes mots. On ne le regrette pas, au contraire, on sort changé par les mots délicats et vulgaires à la fois de James Joyce. On a l'impression de n'y rien entendre et pourtant, le message passe.
La prouesse littéraire vaut son pesant d'or, tant au niveau du style que du contenu. Mention particulière aux 70 dernières pages où la voix de la femme de Bloom s'exprime sans ponctuation et sans fards aucuns. Le dernier paragraphe est d'une beauté ahurissante et conclu le livre à la perfection.

Bon maintenant je sais plus comment finir. On va faire simple, ça vaut très, très, très largement le coup.
Alicornet
10
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le 24 oct. 2013

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Alicornet

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