L'idée de départ, qui consiste à rendre hommage à Romain Gary à travers un personnage mineur de La Promesse de l'Aube, est bonne. L'auteur semble sincèrement épris de Gary et de littérature, et très désireux de croire qu'il est lui-même un (grand, évidemment) écrivain. Malheureusement, au temps de la société du spectacle, on peut être publié en collection Blanche sans avoir les moyens des ambitions susdites, et les lieux communs sur Venise, l'écriture, la Shoah... les paraphrases d'épisodes de Gary (soit vous avez lu l'original et ça n'a aucun intérêt, soit vous ne l'avez pas lu et mieux vaudra découvrir l'original) qui se suivent au kilomètre le montrent bien.
Ce n'est malgré tout pas antipathique, et se laisse lire (comme disait mon papa), par tranches de, allez, 15 pages.
Je ne peux cependant pas m'abstenir de remarquer combien c'est mal écrit (mais est-ce que ça choque quelqu'un d'autre que moi ?). J'ai eu envie de corriger mon exemplaire (et pourtant, j'ai un peu plus d'humour que ça, habituellement). Ces litanies d'imparfaits du subjonctif lourdingues que même un auteur de troisième zone du 19ème siècle n'aurait pas assumés, comme on dit maintenant, n'éclipsent pas, en effet, de nombreux passages qui relèvent au mieux de la langue parlée, et pas du meilleur niveau. Étonnant. Un livre de jeune homme déjà vieux qui pose à l'Artiste. C'est vrai qu'il faut s'aimer pour écrire (ou plus exactement : pour être publié), mais ça ne rend pas ce que vous écrirez plus aimable.