J'aurais pu prétendre avoir aimé ce bouquin si je n'en avais lu que la moitié.

J'ai effectivement noté une flagrante différence entre le ton et le contenu des 200 premières pages du livre et de ses 200 dernières pages.

Si j'ai globalement apprécié la première partie du récit, où l'on découvre les questionnements et considérations d'un enfant éveillé, portant sur le monde qui l'entoure un regard juste et plein de lucidité, j'ai en revanche eu de grandes difficultés avec la seconde partie, lorsque le « narrateur » se laisse emporter par une consommation excessive de drogues dures.

Quoi qu'il en soit, après avoir lu la première moitié du bouquin, je ne savais toujours pas qu'en penser, ce qui témoigne du fait que cette lecture a pour moi soufflé en permanence le chaud et le froid.

En fait, je m'étais attendue à lire une réalité beaucoup plus noire/impressionnante quant au père, à son alcoolisme, son imprévisibilité, ses colères, ... Bien sûr, les faits et sentiments qui sont décrits dans ce livre sont durs, mais je l'ai vécu en restant, tout au long, sur le pas de la porte de la maison d'à côté. J'espérais être secouée comme un cocotier, j'aspirais à affronter le mal avec l'auteur et me soumettre en le lisant à une sorte de catharsis. Et il n'en fut rien, malheureusement, parce que je suis restée détachée du récit, externe à la vie saccagée de ses intervenants.

Quant à la seconde partie du livre, elle m'a douloureusement déconcertée. Je m'étais préparée à une dénonciation des ravages qu'est capable de causer l'alcool, mais certainement pas à une longue et lente chute du narrateur – autrefois sensé – en compagnie des LSD, barbituriques, amphétamines, speed, cocaïne et autres substances... d'autant qu'il s'exprime là de façon épouvantablement plus démonstrative3 que dans la première partie du livre ! ...

Malgré que j'aie relevé de grandes forces dans ce livre, à commencer par la maîtrise avec laquelle l'écrivain manie le verbe et la précision dont il fait preuve dans son analyse des sentiments et relations familiales, je déplore de m'être, par moments, ennuyée à la lecture de cet ouvrage. Certains passages m'ont semblé longuets et la récurrence de l'expression "les resserres de mon imagerie personnelle" et de l'adverbe "rétrospectivement" - lus respectivement pas moins de sept fois, je crois – ont gâché le ravissement que suscitait l'esthétique du style propre à John Burnside.

Ce livre, fataliste, lucide et pénétrant, est dénué de pathos. Il est, par certains aspects, riche d'enseignements. Il met implicitement en avant les contradictions de l'esprit humain, la complexité des relations, la souffrance engendrée par l'absence d'un père, ...

A la rédaction de cette dernière phrase que j'ai voulue objective, je perçois avec la même conviction qu'à ma lecture des premières critiques qui ont fleuri au sujet de ce livre sur la blogosphère, qu'"Un mensonge sur mon père" aurait dû me plaire... mais force est de constater que je suis passée un peu à côté

En définitive, je pense que John Burnside est un auteur à découvrir, mais peut-être plus volontiers avec un autre ouvrage en ce qui me concerne.
Reka
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le 8 sept. 2011

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