Jouissance des sens à l'état brut

Qu'il est compliqué de décrire cette oeuvre de Norman Mailer !
Elle est à la fois extrêmement sensorielle et délirante à la fois.
Rarement j'ai lu une oeuvre où les odeurs sont autant présentes,
Que ce soit celle du vomi innommable, celle des éthers des boissons alcoolisées, celle des draps imprégnés des effluves d'une relation amoureuse.
Le toucher n'est pas en reste.
La moiteur des corps décrits en pleine relation sexuelle est palpable comme le sont les textures des vêtements effleurés ou déchirés ou encore l'impact du souffle du vent sur les corps.

Pour autant, derrière chaque moment sexuel ou délire alcoolisé se profile un moment de flottement dans un espace temps indescriptible. Et pourtant si présent grâce au talent de l'écrivain.

Ainsi d'un livre à l'intrigue mince comme un cure dent, l'auteur américain arrive à créer un univers particulier, unique.
Et l'on prend plaisir à passer d'une situation à une autre.
De la scène de crime au lit d'une amante impromptue,
Des geôles de la police newyorkaise à l'ambiance feutrée d'un bar nocturne,
D'une chambre d'un taudis au lobby doré d'une tour luxueuse de Manhattan.

Bref un livre si atypique qui se permet d'aborder de manière cohérente et sans vulgarité les grands péchés de l'Amérique : nombrilisme, sexe, racisme, inceste, alcoolisme, richesse, drogue, hédonisme, médias...

En quelques mots, la jouissance des sens à l'état brut.