Un récit qui mêle une enquête sur un soldat hongrois de la Seconde Guerre mondiale resté pendant des décennies dans un hôpital psychiatrique soviétique et une autre sur le grand-père d'Emmanuel Carrère, émigré géorgien disparu après la Libération. Et bien sûr, mélangé à tout ça, un compte-rendu nombriliste de la vie sentimentale de l'auteur à l'époque et de la publication dans Le Monde d'une nouvelle pornographique dédiée à sa compagne. Les deux enquêtes sont intriguantes mais, faute de sources, elles ne mènent pas bien loin. La majeure partie du bouquin se déroule dans un bled paumé en Sibérie où Carrère compte tourner un documentaire. On retrouve donc la plongée dans l'histoire et la culture de la Russie qui m'avait plu dans Limonov, mais en plus ébauché. L'aspect narcissique est aussi agaçant que réjouissant car malgré tout, Emmanuel Carrère ne cache rien de ses faiblesse et de son ridicule. Tout de même très prenant et intéressant.