Cultivateur près de Porto Vecchio, Jean-François Rocchini est assassiné car il est soupçonné d’avoir tué le chien d’une autre famille, les Tafani. Quelques temps plus tard, Xavier Rocchini va à son tour assassiner l’un des membres de la famille Tafani puis prendre le maquis pour échapper à la vengeance. Il endosse alors une vie d’errance, faite de crimes et de vols, et durant laquelle il va acquérir le surnom d’Animali, la Bête. Il sera finalement arrêté et condamné à mort, à seulement 24 ans.
Antoine Albertini nous raconte ici l’histoire de la Corse à la fin du XIXème siècle. Une île sur laquelle règne la loi du Talion (œil pour œil) et où les habitants ont pris l’habitude de se faire justice eux-mêmes sans attendre l’intervention du continent.
C’est un éclairage intéressant qui, au-delà du principe de vendetta mis en place et de ce que le récit raconte de la vie de ce personnage de Xavier Rocchini, analyse aussi les rapports entre la Corse et le continent et ce mécanisme de vendetta qui s’est instauré, alimenté par des haines générationnelles qui se perdent dans la nuit des temps.
Le livre est par ailleurs quasiment scindé en deux parties avec la première qui raconte la vie au maquis de Xavier, une vie exposée à de multiples dangers et mais surtout une vie de violence au cours de laquelle le jeune homme va devenir cet être sans foi ni loi, capable même de se rendre coupable du meurtre d’une jeune fille. Et une seconde partie après sa capture, dans laquelle le lecteur va découvrir un bourreau atypique et suivre le voyage de la guillotine depuis le continent jusqu’à la Corse. L’occasion de quelques scènes savoureuses mais qui démontre aussi très bien toute la complexité de la justice et la peur qui est née des légendes forgées autour de l’île et de ses habitants.
Antoine Albertini se livre ici à un travail quasi journalistique, on sent qu’il a beaucoup cherché et lu pour être au plus près de la réalité de cette époque et pour rendre le plus crédible possible ce récit tiré d’un fait réel. Il décortique ainsi les faits, leur donne leur pleine signification et c’est en cela que le livre est particulièrement réussi.