Ahurissant roman que celui-ci.
D’abord, parce qu’écrire un vrai western aujourd’hui – avec chevaux, révolvers, cowboys et un indien – reste peu courant. Ensuite, parce qu’il est somptueusement écrit, avec style, aisance et générosité, ce qui est plus rare encore. C’est ce qui a, sans doute, incité certains à crier au génie (la scène d’approche de l’église comptera, il est vrai, comme un moment fort de la littérature)
Si, sur la forme il n’y a rien à redire- c’est brillant- sur le fond, je suis très loin de partager l’enthousiasme de beaucoup.
C’est que ce roman n’est qu’une suite de violences inouïes allant crescendo, depuis la mutilation d’animaux jusqu’à la couronne de clous enfoncée dans le crâne rasé de deux jeunes femmes, en passant par une panoplie de tortures diverses et variées qui m’ont laissées pantois. Je pensais avoir à peu près tout lu. Erreur. Je viens de remettre à jour mon catalogue d’atrocités.
Si tout ceci était traité sous l’angle de l’humour, très noir certes, mais humour quand même, façon Tarantino ou avec les clins d’oeils des westerns spaghettis ou des films de série B, j’aurais adhéré sans réserve. Hélas, ce second degré que j’espérais, que j’attendais, ne s’est jamais invité dans ces pages et sans lui ce roman se réduit à une histoire brutale, glauque, sadique, violente. D’autant que cette violence qui n’enrichit en rien le récit s’autoalimente page après page et finit par se suffire à elle-même. On ressent d’ailleurs le plaisir que prend l’auteur à s’appliquer sur ces scènes plutôt qu’à construire une trame narrative un peu plus forte.
Depuis que Tarantino a créé le genre, pas mal d'émules s'y sont engouffrés, avec plus ou moins de bonheur et ici, pour ma part, la force de la rhétorique, la beauté du verbe et le souffle épique très cinématographique qui dominent ce récit de Craig Zahler n’éclipseront pas le dégoût, voire la nausée qui sourd de ces pages.
Reste que tout (bon ?) western se termine souvent par une morale. Ici également. Mais elle est aussi sommaire et naïve que les cow-boys qui la rendent et que Trump ne renierait pas : La loi c’est la loi ! Dure mais juste ! Les Romains ne disaient pas autre chose.

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le 1 janv. 2019

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